Adolescent en crise

La crise d’adolescence ou communément appelée “crise d’ado”, désigne l’ensemble des difficultés comportementales et des perturbations que rencontrent les adolescents, telles que les sautes d’humeur, l’opposition aux parents et les comportements excessifs. 

Elle se manifeste habituellement pendant la période de transition entre l’enfance et l’âge adulte, en général entre 12 et 18 ans. Cependant, il est important de noter que cette phase peut varier d’un jeune à l’autre, en fonction de facteurs individuels et environnementaux.

Ce terme “crise” illustre la nature complexe de cette étape, caractérisée par des bouleversements majeurs provoqués par la puberté. Ces transformations incluent des changements physiques, hormonaux, psychologiques et neurologiques intenses. 

Pour l’adolescent, cette période implique une perte des repères de l’enfance, ce qui peut être déstabilisant pour lui. Il extériorise ses inquiétudes à travers différents modes d’expression regroupés autour de cette notion de crise d’adolescence.

De plus, il s’agit d’un moment crucial où les jeunes commencent à forger leur identité personnelle. Ils aspirent à davantage d'indépendance et d’autonomie. Ils font part de leur propre opinion et de leurs propres valeurs, parfois en désaccord avec les attentes des adultes. Ils se retrouvent confrontés à la gestion de relations plus complexes, incluant les relations amoureuses, ce qui ajoute une dimension délicate à cette période. Bien que ces moments soient souvent un défi pour les adolescents et leurs parents, ils sont essentiels au développement et à la construction de la personnalité.

Pourquoi demander un deuxième avis pour une crise d'adolescence ?

L’intérêt de ce deuxième avis est d’aider à confirmer ou clarifier le diagnostic initial. Parfois, les symptômes de la crise d'adolescence peuvent être associés à d'autres troubles mentaux ou comportementaux. Un deuxième avis peut donc aider à établir un diagnostic plus précis.

Différentes approches peuvent être envisagées dans la prise en charge d’un adolescent en crise. Chaque professionnel impliqué peut proposer des options de traitement, alternatives ou complémentaires. Les thérapeutiques sont variées et permettent de répondre spécifiquement à chaque besoin, en fonction de la situation particulière du jeune. 

De plus, un deuxième avis peut fournir une perspective différente et enrichir la compréhension globale de la situation. Les parents peuvent obtenir des informations plus détaillées sur les causes sous-jacentes, les facteurs déclenchants et les stratégies pour gérer un contexte parfois éprouvant.

Un second avis peut confirmer la pertinence des interventions déjà entreprises ou conseiller des ajustements si besoin. Cette démarche offre aux parents un soutien rassurant quant à leur choix pour accompagner leur enfant dans cette phase délicate.

Quelles sont les questions les plus fréquemment posées ?

• Comment communiquer au mieux avec notre adolescent en crise ? 
• Que faire lorsque le dialogue avec notre adolescent en crise est complètement rompu ?
• De quelles ressources disposons-nous en tant que parents pour gérer cette crise ? 
• Comment aider notre enfant à gérer ses émotions durant cette période ? 
• Y a-t-il un moyen pour faire la distinction entre une crise d’adolescence normale à cet âge avec un trouble du comportement plus grave ? 
• Quels sont les signes typiques de la crise d’adolescence que nous devrions surveiller ? 
• À quel moment devons-nous chercher de l’aide auprès d’un professionnel ?
• Quelles stratégies sont à mettre en place pour soutenir mon adolescent sur le long terme ?   
• Comment gérer les comportements à risque de manière appropriée ?  
• Comment soutenir notre enfant tout en respectant son besoin d’indépendance ? 
• Comment aider les parents d’adolescent ou d’enfant en grande souffrance à verbaliser leurs difficultés et à demander de l’aide ?

Mais aussi toutes les questions spécifiques que vous vous posez ?

La logique des parcours avec une graduation des soins peut s’inscrire et déterminer le type d’intervention en fonction de l’intensité et de la gravité de la crise.

Lorsqu’un adolescent est en crise, plusieurs professionnels peuvent être sollicités :

L’infirmière scolaire : elle joue un rôle crucial au sein des établissements. Elle peut identifier les signes de détresse chez les élèves ou une modification du comportement. Elle intervient en offrant un accompagnement initial et en orientant vers des aides adaptées. 

Le médecin de famille : il sera sollicité et consulté en première intention, notamment si des problèmes médicaux ou comportementaux sont observés. Il peut alors orienter les parents et l’enfant vers des spécialistes ou vers des ressources complémentaires. 

Le psychologue : il peut être sollicité par un infirmier scolaire ou le médecin de famille, et notamment par le dispositif Mon Soutien Psy, il aide l’adolescent à comprendre et gérer ses émotions à travers des entretiens individuels ou avec sa famille. Les jeunes expriment leurs sentiments, sont  épaulés pour mieux saisir la raison de leurs difficultés et pour trouver des solutions.

Le pédopsychiatre : ce professionnel de santé permettra d’éclairer le diagnostic et d’argumenter une prise en charge globale pour le traitement des troubles psychiques chez l’enfant et l’adolescent.

Une évaluation complète est effectuée afin de poser un diagnostic précis et proposer un plan de soins approprié. Le but de la consultation est d’apporter un soutien pour gérer cette période de crise et améliorer son bien-être émotionnel.

Quels sont les examens à transmettre ?

Ces comptes-rendus médicaux et psychologiques ci-dessous facilitent l’évaluation de la crise d’adolescence et permettent une prise en charge adaptée. Ils peuvent être obligatoires ou facultatifs selon le type de consultation.

Un bilan médical complet, incluant les antécédents médicaux et les traitements en cours, est indispensable. Un bilan biologique est également important. Il permet de vérifier la santé générale de l’adolescent et donc d’exclure tout problème somatique.

En cas de symptômes physiques antérieurs ou actuels, les comptes-rendus médicaux détaillant les consultations, les examens pratiqués ainsi que les traitements sont nécessaires. 

Si une évaluation psychologique a été effectuée, elle sera transmise lors d’une consultation pour un deuxième avis. Elle contient généralement une série de tests et d’entretiens mis en place pour saisir en profondeur les émotions et les comportements de l’adolescent. 

Ces entretiens sont déterminants pour comprendre les relations familiales, les interactions sociales, les sources de stress ou autres facteurs qui influent sur la santé psychologique de l’adolescent. 

Il semble important de différencier la crise d’adolescence qui est présente chez tout adolescent (même si pour certains elle dure sur un temps plus long), de l’adolescent en crise.

Cet adolescent en crise présente une symptomatologie particulière (cf ci-dessous) faite d’éléments physiques et psychiques, dont la particularité est la répétition et une durée inhabituelle qui dépasse largement les éléments contextuels.

Cela varie d’un adolescent à un autre.

La dimension familiale et l’attitude des parents sont essentielles à prendre en compte lors d’un comportement inhabituel de l’adolescent ou lors d’une plainte somatique répétée. 

Un adolescent en crise peut présenter les signes ou symptômes suivants : 

• Opposition à l’autorité parentale : elle se manifeste par des désaccords fréquents. Les échanges peuvent être tendus. Ce besoin croissant d’indépendance peut être perçu comme un rejet de l’autorité parentale. L’adolescent souhaite se forger sa propre identité, bien distincte de celle de ses proches, affirmer sa personnalité ou même tester ses limites.

• Sautes d’humeur : elles sont récurrentes, parfois imprévisibles et souvent influencées par les changements hormonaux de la puberté. Les émotions sont intensifiées et rendent l’adolescent plus sensible aux situations de stress. Il est à noter que cette situation est généralement temporaire et fait partie intégrante du développement émotionnel des adolescents. 

• Plaintes somatiques : si l’adolescent présente un mal-être psychique, ces difficultés peuvent se manifester physiquement avec des symptômes tels que des maux de tête fréquents, des douleurs abdominales ou d’autres symptômes sans cause médicale apparente. Ces manifestations somatiques peuvent être un moyen pour lui d’exprimer une souffrance affective ou psychologique et nécessitent une attention particulière pour faire le lien avec la santé mentale de l’adolescent.

• Comportements extrêmes : cela peut inclure des fugues, des comportements à risque comme la consommation de drogue ou d’alcool ou la recherche de sensations fortes par la pratique de sports extrêmes.

• Problèmes relationnels : l’adolescent peut avoir des difficultés à se lier aux autres ou s’isoler. Ces obstacles peuvent provenir de divers facteurs tels que des problèmes de confiance en soi et d’estime de soi. 

• Troubles du sommeil : dans ce cas, on observe des difficultés d’endormissement, une somnolence diurne ou une insomnie. Ces perturbations peuvent être liées aux changements naturels de leur rythme circadien (rythme biologique sur 24 heures). En raison des modifications dans la production de mélatonine, l’hormone régulant le sommeil, s’endormir à des heures plus conventionnelles est un vrai défi pour certains adolescents. Cela peut affecter leur capacité de concentration et de mémorisation.

• Tristesse et repli sur soi : ces expressions émotionnelles sont fréquentes chez certains adolescents en crise. Ils peuvent ressentir une profonde mélancolie, se montrer moins enjoués, et se retirer de leur environnement social. Cette manifestation peut être une réaction à des difficultés relationnelles ou à une incompréhension des bouleversements qui s’opèrent lors de la puberté.

Il est essentiel de noter que ces signes varient d’un adolescent à un autre. Si les parents sont préoccupés par le comportement inhabituel de leur enfant ou par une plainte somatique répétée, une consultation avec un professionnel de santé est primordiale.

Cette évaluation se base sur plusieurs critères clés : 

• La fréquence des symptômes et leur durée : cet élément varie d’un adolescent à l’autre. Certains présentent des signes de manière permanente ou épisodique. Leur durée s’étend de quelques jours à plusieurs mois. La fréquence et la durée des symptômes sont souvent influencées par des événements extérieurs (le stress à l’école par exemple).

• L’impact sur la vie quotidienne : observer comment ces symptômes se manifestent dans divers aspects de sa vie est crucial. Il est pertinent de s'intéresser à ses performances scolaires : y a-t-il eu une chute soudaine ou une constante baisse de résultats ?
  De plus, les conflits familiaux peuvent être plus fréquents. On remarque également que l’adolescent diminue ses interactions sociales et ses activités extérieures.   
  Une analyse attentive de ces aspects peut permettre de comprendre l'ampleur et les répercussions de la crise d'adolescence sur sa vie quotidienne.

• La réaction face à l’aide et aux interventions de tierces personnes : l’adolescent peut être réceptif à l’aide proposée, avoir une attitude plus réservée à ce propos ou manifester une franche opposition. L’évaluation de sa réaction apporte un éclairage supplémentaire dans la compréhension de la situation. En conséquence, l’intervention pourra être ajustée et plus personnalisée. 

Si le dialogue s’avère complexe entre l’adolescent et ses parents, il est rassurant de trouver du soutien auprès d’un professionnel de santé. Il sait comment avoir la bonne approche et peut apporter un point de vue neutre sur la situation.

Premièrement, certaines structures d’accueil relevant du social ou du psychosocial, suffiront pour aborder les difficultés que rencontrent les jeunes. 

Elles ont pour mission : l’écoute, le soutien, la médiation, la prise en charge, l’orientation et l’accompagnement. L’adolescent choisit de s’y rendre seul ou avec ses parents. 

Plusieurs endroits sont proposés :

• La maison des adolescents (MDA) : elle reçoit pour un entretien et peut orienter vers un professionnel de santé si cela est nécessaire. La santé de l’adolescent est prise en compte dans toutes ses composantes : physique, psychique, sociale, relationnelle et éducative. Les parents peuvent également trouver des réponses à leurs questions en lien avec les REAAP (réseaux d’écoute, d’appui et d’accompagnement des parents) et avec les PIF (points infos famille). Ces MAD sont présentes dans chaque département. 
• Les points d’accueil écoute jeunes (PAEJ) : ces établissements sont plus petits et plus nombreux que les MAD. Un psychologue ou un éducateur rencontrent le public concerné. 

Deuxièmement, il existe des structures sanitaires médico-sociales assez variées qui peuvent offrir des services gratuits dans le cadre du service public hospitalier ou une offre libérale (avec nos collègues libéraux).  

• Dispositif “Mon soutien psy” : le jeune peut accéder à des séances d’accompagnement psychologique prises en charge par l’assurance maladie, sur prescription médicale.
• Dispositifs spécifiques pour les étudiants : le jeune bénéficie de services de santé étudiante, de consultations psychologiques gratuites, de relais santé ou de bureaux d’aide psychologique universitaires.
• Centres Médico-Psycho-Pédagogiques (CMPP) : ils sont une ressource pour les adolescents jusqu'à l’âge de 20 ans. Ils proposent des consultations thérapeutiques et un soutien pour les familles et les jeunes qui rencontrent des difficultés. Une équipe pluridisciplinaire (psychiatres, infirmières, psychologues, assistantes sociales, etc.) est présente pour assurer un suivi personnalisé et adapté aux besoins spécifiques de chaque jeune. 
• Centre Médicaux Psychologiques (CMP) : les jeunes peuvent s’y rendre à partir de 16 ans. Ils offrent un espace de consultations médico-psychologiques et sociales. C’est un lieu d’accueil et d’orientation où l’adolescent peut parler de son mal-être et des défis liés à cette période de la vie. 
• Il existe des structures d’hospitalisation via les services de pédopsychiatrie ou les unités mixtes 15-25 ans au sein des établissements publics ou des établissements spécialisés qui permettront de mieux gérer la crise et d’éviter des passages à l’acte auto ou hétéro-agressifs. 
• Il existe également des équipes de soins à domicile qui permettront de traiter la crise au sein du domicile et de mieux répondre aux difficultés intrafamiliales que traversent l’adolescent et les parents. 

Enfin, troisièmement, il est nécessaire de mentionner des services téléphoniques gratuits qui offrent un espace de paroles pour les adolescents et leurs parents. 

Ils restent un premier contact assez facile d’accès mais certainement insuffisants en situation de crise durable de l’adolescent. 

Voici quelques exemples de ressources :

• Fil Santé Jeunes 
• Nightline
• Écoute-famille
• Unafam
• Inter service parents
• Phares Enfants Parents

En conclusion, le premier contact est important pour cet adolescent en crise. 

L’importance d’une relation de confiance et d’estime reste majeure pour d’une part, que cet adolescent puisse s’intéresser à sa vie psychique et d’autre part, qu’il puisse accepter le début d’une alliance thérapeutique, source de modifications et de transformations tant personnelles qu’intrafamiliales.