Orthopédie
Fracture, entorse, opération… les questions que tous les sportifs se posentPar Fanny Bernardon le 25/10/2024
Le poignet est l’articulation qui relie l’avant-bras à la main. Il est composé de l’extrémité inférieure du radius et de l’ulna (les deux os de l’avant-bras) ainsi que des os du carpe. Au total, le poignet est constitué de dix os qui participent aux mouvements de la main (flexion, extension, inclinaison radiale et ulnaire, rotation que l’on appelle aussi pronosupination). L’ensemble constitue une mécanique sensible et complexe qui peut se bloquer à la suite d’un traumatisme.
Les trois types de traumatismes majeurs du poignet sont l’entorse, la fracture et la luxation. S’ils ne sont pas nécessairement graves au départ, ces traumatismes peuvent, lorsqu’ils sont négligés ou mal soignés, provoquer plus tard des séquelles, des douleurs chroniques, voire de l’arthrose.
Dans cette fiche nous verrons les traumatismes et entorses en général. D’autres fiches traitent en détail les problématiques spécifiques aux “Fracture du scaphoïde”, “Entorse du poignet” et “Luxation du poignet”.
L’entorse est le résultat d’une élongation voire un arrachement des ligaments qui maintiennent les os de l’avant-bras et du carpe. Parfois ces ligaments sont simplement distendus (on parle alors d’entorse bénigne), mais ils peuvent aussi être rompus (on parle alors d’entorse grave). L’entorse survient généralement à la suite d’une chute, que l’on aura tenté d’amortir avec les mains, provoquant ainsi une importante pression sur les os du poignet. Elle est fréquente chez les jeunes adultes, les enfants et les sportifs. Parfois l’entorse ne se traduit par aucun signe clinique, à part la douleur. Dans d’autres cas, elle se manifeste par un hématome ou un poignet gonflé ou déformé. La gravité de l'entorse dépend de l'étendue des dégâts au niveau des ligaments. L’entorse doit être soignée rapidement pour éviter les séquelles. En effet, mal soignée, une rupture de certains ligaments du poignet (notamment le ligament scapholunaire) a de fortes chances de provoquer, plus tard, de l’arthrose et donc une destruction progressive de l’articulation.
La fracture du poignet la plus courante est la fracture du radius distal, l’un des deux os de l’avant-bras. Cette fracture est généralement la conséquence d’une chute ou d’un traumatisme violent sur le poignet. Le scaphoïde, l’un des 8 petits os qui composent le carpe, est également fréquemment en cause, lors d’une fracture du poignet. On estime à environ 130 000 le nombre de fractures du poignet chaque année en France. On distingue les fractures simples, avec ou sans déplacement osseux, des fractures comminutives (c’est-à-dire que l’os s’est cassé en plusieurs fragments qui risquent de se déplacer), des fractures articulaires qui s’étendent jusqu’au cartilage. Le traitement est beaucoup plus complexe.
Les personnes âgées, dont les os sont généralement moins denses du fait de l’ostéoporose, sont plus vulnérables face aux fractures. Chez les plus jeunes, qui ont habituellement des os plus solides, il faudra un choc relativement violent, ou choc à haute énergie.
Des complications tardives sont toujours possibles. Lorsque la fracture se consolide dans une mauvaise position, on parle de cal vicieux. Il faut alors parfois réopérer pour diminuer les douleurs et surtout augmenter la mobilité qui peut être considérablement diminuée. De l’arthrose peut également survenir après une fracture mal réduite. Elle se traduira par une raideur en général bien tolérée mais surtout des douleurs du poignet, voire une incapacité fonctionnelle importante. La pseudarthrose du scaphoïde est une complication fréquente (c’est une fracture qui n’a jamais consolidé) après une fracture du scaphoïde. Il est impératif de la diagnostiquer car elle évolue inévitablement en arthrose précoce. Enfin, l’algodystrophie est une complication imprévisible et douloureuse qui peut survenir quelques semaines après un traumatisme.
La luxation signifie qu’il y a eu un déplacement entre les deux extrémités osseuses de l’articulation, c’est-à-dire que les surfaces de l’articulation ne sont plus en face les unes des autres (on peut aussi dire déboîtée). Pour que le poignet soit luxé, il faut qu’il ait subi un traumatisme très important (chute de moto ou d’un lieu élevé par exemple) car son système ligamentaire est extrêmement solide. Lorsque l’articulation est luxée, elle ne permet plus aucun mouvement. Parfois elle est associée à une fracture. Dans le cas du poignet, la luxation la plus fréquente est celle d'un os du carpe (en général l'os semi-lunaire appelé aussi lunatum). Ce type de luxation entraîne d’intenses douleurs et des fourmillements extrêmement désagréables liés à une compression du nerf médian dans le canal carpien. Il s’agit d’un traumatisme sérieux qui laisse fréquemment des séquelles, comme une raideur ou des douleurs qui restent. Parfois la luxation passe inaperçue car elle peut être difficile à voir sur des radiographies standard. Généralement, le traitement chirurgical s’impose.
Un deuxième avis est tout à fait pertinent dans le cadre d’un traumatisme du poignet, qu’il s’agisse d’une fracture, d’une luxation ou d’une entorse. Mal soignés, ces traumatismes peuvent, à la longue, entraîner des complications tardives, comme une raideur ou des douleurs chroniques. Une entorse apparemment bénigne négligée est souvent à l’origine de douleurs récurrentes, de raideurs, voire d’une incapacité fonctionnelle par la suite. Or il faut savoir que le traitement des lésions chroniques est encore plus complexe que celui du traumatisme aigü qui en est à l’origine. Dans ce contexte, un deuxième avis est souvent utile. Il apporte un éclairage supplémentaire sur les différentes options thérapeutiques possibles, notamment en cas de chirurgie. Prendre à la légère un traumatisme du poignet, c’est courir le risque de subir des complications futures. Mieux informé, le patient peut prendre part à l’élaboration d’une stratégie thérapeutique adaptée à sa situation et à ses besoins fonctionnels.
Mais aussi toutes les autres questions spécifiques que vous vous posez.
Le premier symptôme de la fracture est bien sûr la douleur, même s’il n’y pas véritablement de lien entre l’intensité de la douleur et la gravité de la fracture. L’autre symptôme récurrent est l’apparition d’un hématome. Par ailleurs, le poignet a tendance à gonfler (oedème). On peut également constater l’apparition d’une déformation en cas de fracture déplacée.
Une radiographie suffit généralement à diagnostiquer une fracture.
Pour une entorse, il faut parfois demander des examens complémentaires si l’on soupçonne une entorse grave : scanner ou IRM avec injection d’un produit de contraste.
Le choix du traitement dépend :
Le traitement orthopédique, la chirurgie et la rééducation sont généralement les trois options de traitement possibles dans le cas d’un traumatisme du poignet. L’ensemble de la thérapie est souvent un parcours de longue haleine qui peut durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois dans certains cas.
L’opération chirurgicale n’est pas systématique. En effet, quand cela est possible, le chirurgien privilégiera un traitement orthopédique, c'est-à-dire une immobilisation du poignet pendant plusieurs semaines, grâce à un plâtre, ou des attelles (encore appelées orthèses).
Lorsqu’elles s’avèrent nécessaires, les interventions chirurgicales diffèrent selon la gravité du traumatisme. Plusieurs techniques existent. Le chirurgien choisit en général de réaliser une ostéosynthèse. C’est-à-dire qu’il installe un matériel extérieur composé de broche, des plaques, de vis, ou d’autres fixateurs internes ou externes, afin de maintenir l’os dans sa position d’origine. Lorsque ce sont les os du carpe (notamment le scaphoïde) qui sont fracturés, le chirurgien doit les fixer par ostéosynthèse (en général des vis), mais le temps de consolidation est souvent beaucoup plus long que pour une fracture du radius par exemple (parfois jusqu’à 3 mois).
Même dans le cas d’une entorse, une intervention chirurgicale peut s’avérer nécessaire. Elle peut être réalisée “à ciel ouvert” ou par arthroscopie. Ce procédé permet au médecin de visualiser, et donc d’analyser, grâce à un tube muni d’une caméra, l’état des articulations du poignet et la gravité des lésions ligamentaires. Le principal avantage de l’arthroscopie est la très petite taille des cicatrices (on parle de chirurgie mini-invasive).
La rééducation est souvent indiquée, même en l’absence d’une opération chirurgicale. Elle permet au patient de récupérer de la souplesse, de la mobilité et de la force dans son poignet. La rééducation peut durer plusieurs mois.
Mise à jour le 23/08/2024 Revue par le Professeur Philippe Liverneaux
Chirurgien orthopédiste
CHU Strasbourg - Hôpital de Hautepierre
Orthopédie
Fracture, entorse, opération… les questions que tous les sportifs se posentPar Fanny Bernardon le 25/10/2024
Orthopédie
Comment adapter son poste de travail à son problème orthopédique ?Par Philippine Picault le 15/10/2024