Gastro-entérologie
Troubles digestifs : quels sont les facteurs de risque et comment les éviter ?Par Fanny Bernardon le 22/03/2021
La dyspepsie est un trouble digestif qui peut se manifester par une impression de « mal digérer ». Elle est caractérisée par des douleurs ou un inconfort chronique centré dans la région de l’estomac. On distingue deux formes cliniques :
Ces deux formes cliniques peuvent être associées à la présence de ballonnements de la zone de l’estomac, de nausées voire de vomissements.
On parle de dyspepsie fonctionnelle (dans 2 cas sur 3) quand aucune cause n’a été retrouvée (ulcère gastro duodénal, présence d’Hélicobacter Pylori, reflux gastro œsophagien, prise médicamenteuse suspecte, maladie biliaire ou pancréatique, diabète ou autre maladie endocrinienne…) et si les symptômes existent depuis au moins 6 mois et depuis au moins 3 mois consécutifs. L’état ou la plainte dyspeptique est un syndrome fréquent mais difficile à caractériser de façon rigoureuse au quotidien.
Les symptômes de dyspepsie fonctionnelle sont rarement isolés. La coexistence avec des symptômes du syndrome de l’intestin irritable est fréquente et concerne près de la moitié des patients. D’autre part, la dyspepsie fonctionnelle est présente chez près de 30 % de la population générale avec une prédominance féminine et une fréquence un peu plus importante en cas d’obésité.
Le deuxième avis est particulièrement pertinent dans les cas suivants :
Mais aussi toutes les questions spécifiques que vous vous posez.
En cas de dyspepsie fonctionnelle, le spécialiste à consulter est le gastro-entérologue. La gastro-entérologie est la spécialité médicale qui se consacre à l’étude de l’appareil digestif, à ses troubles et anomalies, ainsi qu’à leurs traitements. La discipline s’intéresse à différents organes : l’œsophage, l’intestin grêle, le côlon, le rectum, l’anus, mais aussi aux glandes digestives.
La dyspepsie fonctionnelle est le résultat d’un dysfonctionnement de l’estomac. Les signes cliniques sont présents plusieurs fois par semaine. Lorsque les symptômes sont liés à la prise alimentaire (syndrome de détresse post prandiale), le patient peut ressentir une sensation de lenteur à digérer, une impression de satiété précoce l’empêchant de terminer un repas normal, une sensation de plénitude ou de pesanteur à l’origine d’une gêne dans la région de l’estomac. Il peut par ailleurs s’agir de douleurs ou de brûlures survenant dans la région de l’estomac (syndrome de douleurs épigastriques) avec ou sans relation avec le repas. On associe également à ces symptômes des ballonnements, des nausées voire parfois des vomissements, des éructations (rots) après les repas ou un hoquet.
Le lien temporel entre l’ingestion d’un repas et l’apparition de ces symptômes est un élément important dans la caractérisation du syndrome, même s’il n’est pas toujours présent. Il est important de rappeler que ces symptômes ne sont pas spécifiques de la dyspepsie fonctionnelle chronique.
Pour bien identifier la dyspepsie fonctionnelle, le patient doit décrire le plus précisément possible ses symptômes, ce qui est souvent difficile. Le médecin doit l’aider à formuler clairement la gêne perçue. Le caractère fonctionnel de la dyspepsie sera évoqué sur l’absence de signe d’alarme associé à un âge inférieur à 50 ans, à l’ancienneté et à la stabilité des symptômes dans le temps. La tenue d’un agenda quotidien des symptômes sur plusieurs semaines par le patient peut permettre d’évaluer plus facilement la fréquence de survenue ainsi que les circonstances associées. Il est aussi important de porter une attention précise aux traitements en cours puisqu’un grand nombre de médicaments peuvent induire un syndrome dyspeptique.
Après avoir vérifié que les paramètres biologiques sont normaux, la fibroscopie oeso gastro duodénale est l’examen le plus important pour éliminer une pathologie organique. Elle doit être couplée à la réalisation de biopsies (prélèvements de petits fragments de la muqueuse gastrique) à la recherche de la présence d'Helicobacter Pylori. Il est parfois utile de s’assurer de l’absence d’une pathologie biliaire ou pancréatique par un scanner.
Les mécanismes à l’origine des symptômes de la dyspepsie fonctionnelle sont nombreux, souvent associés et non exhaustifs. Il peut s’agir d’un retard à la vidange de l’estomac, d’une mauvaise accommodation à la distension (expansion) de l’estomac lors du repas, d’une hypersensibilité de l’estomac et/ou du duodénum à la distension, à l’acide, ou à d’autres stimulations, d’une micro inflammation de la paroi gastrique ou duodénale, d’une infection gastro intestinale sévère même ancienne ou encore de facteurs psychologiques.
Le rôle de l'Helicobacter Pylori est important, car il semble que l’éradication de cette bactérie fasse disparaître les symptômes dyspeptiques chez certains patients. On convient toutefois qu’il soit nécessaire de traiter 14 patients dyspeptiques porteurs d’Helicobacter Pylori pour obtenir la disparition des symptômes chez un seul patient.
Le rôle d’un microbiote intestinal perturbé pourrait être significatif chez certains patients dyspeptiques. Un traitement avec certains probiotiques (bactéries bonnes pour la santé) pourrait être efficace dans certains cas (en particulier le syndrome de détresse post prandial).
Dans le cadre de la dyspepsie fonctionnelle, il faut s’assurer de la présence ou non d’Helicobacter Pylori. Si elle est présente un traitement d’éradication doit être proposé et la disparition de la bactérie doit être contrôlée au moins un mois après l’arrêt du traitement. Si les symptômes ont disparu, il ne s’agissait pas d’une dyspepsie fonctionnelle mais d’une dyspepsie secondaire à Helicobacter Pylori. Dans tous les autres cas de dyspepsie fonctionnelle le traitement reste difficile. Il est utile d’agir pour limiter les facteurs de risque (surpoids, tabagisme, consommation de boissons gazeuses, d’alcool ou d’aliments acides, prise régulière d’anti inflammatoires, ou de traitement antalgique à base d’opiacés…).
Lorsque les douleurs ou les brûlures de la région de l'estomac sont au premier plan, on privilégiera les médicaments qui diminuent de façon importante la sécrétion d’acide par l’estomac (inhibiteurs de la pompe à protons : IPP). L’usage de certains antidépresseurs (amitriptyline) à faible dose est utile.
Lorsque les symptômes sont essentiellement en rapport avec la prise alimentaire, les médicaments favorisant la vidange de l’estomac (dompéridone) peuvent être utilisés en respectant leurs conditions d'utilisation (courte durée, absence d'antécédents cardio vasculaire…). Certains anxiolytiques (buspirone) pouvant agir sur la relaxation de l’estomac lors du repas peuvent être utilisés.
Lorsqu’un retard important de la vidange gastrique est constaté, l’utilisation de médicaments prokinétiques tels que l’érythromycine peuvent être proposés sous surveillance et pendant de courtes périodes.
Dans tous les cas de figure, une psychothérapie peut apporter une amélioration.
Enfin certaines thérapies alternatives comme l’hypnose ou la phytothérapie par iberogast ou rikkunshito ont montré une certaine efficacité dans des essais encore peu nombreux. Ces produits de phytothérapie ne sont pas disponibles en France.
Mise à jour le 23/08/2024 Revue par le Professeur Michel Dapoigny
Gastro-entérologue
CHU Marseille - Hôpital Nord (AP-HM)
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