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Maladies chroniques : êtes-vous concerné ?Par Marion Berthon le 07/12/2020
La dysfonction érectile ou troubles de l’érection est définie comme : « l’incapacité d’obtenir et/ou de maintenir une érection suffisante pour permettre une activité sexuelle satisfaisante ». Pour affirmer le diagnostic, la dysfonction érectile doit exister depuis plus de 6 mois, ou être éprouvée dans presque toutes les occasions (75 à 100 % des cas), et provoquer une détresse chez l’individu. Le terme d’impuissance est maintenant abandonné.
La dysfonction érectile est un dysfonctionnement de la réponse sexuelle (et non une maladie). Sa prise en charge nécessite une approche globale et multifactorielle (facteurs médicaux, psychologiques, sociaux et relationnels), permettant de mieux identifier les leviers thérapeutiques.
Cette dysfonction est fréquente, on estime qu’un homme sur trois après 40 ans serait concerné. Elle augmente régulièrement avec l’âge avec à partir de 70 ans plus de 50% des hommes concernés. L’augmentation de la prévalence de la dysfonction érectile est globale dans le monde et toucherait près de 3 millions d’hommes en France.
Il faut différencier la dysfonction érectile, d’autres situations telles que « les pannes occasionnelles », dues à des conditions relationnelles, sociales, psychologiques particulières. Ainsi que des souhaits de performances sexuelles.
Pourquoi demander un deuxième avis pour des troubles de l'érection ?
Un deuxième avis est particulièrement indiqué dans le cadre d’un dysfonctionnement érectile car parler de sexualité pour un homme avec son médecin reste difficile. De plus, certaines personnes ont du mal à savoir qui consulter et reste gênées.
Néanmoins, la dysfonction érectile, si elle est négligée, altère la qualité de vie des patients dans tous les domaines, avec un retentissement sur l’état de santé générale, la vie sociale, familiale et professionnelle et est souvent associée à une baisse de l’estime de soi et du bien-être émotionnel. Cette souffrance psychologique peut retentir sur la partenaire, et le couple. Il a par ailleurs été montré que la dysfonction érectile augmente le risque de dépression et de troubles anxieux (angoisse de performance).
D’autre part, la dysfonction érectile est un symptôme sentinelle des maladies cardiovasculaires et notamment de la coronaropathie. En effet, les hommes souffrant de dysfonction érectile sont exposés à des évènements cardiovasculaires plus fréquents. Ainsi le dépistage d’une dysfonction érectile incite à pratiquer un bilan cardiaque adapté et à corriger les facteurs de risque cardiovasculaire pour diminuer les événements cardiovasculaires graves et améliorer l’espérance de vie.
Une prise en charge par un médecin expert, adaptée au patient associant une Information sexuelle, des conseils d’hygiène de vie, des traitements d’aide à l’érection, et un contrôle des facteurs de risques cardio-vasculaires permet le plus souvent la résolution de la dysfonction érectile et d’en limiter ses conséquences.
Les questions les plus fréquemment posées pour des troubles de l'érection ?
Mais aussi toutes les autres questions spécifiques que vous vous posez.
Pour les troubles de l'érection d’origine organique :
Un psychologue et un psychiatre peuvent également être sollicité en cas de dysfonction érectile complexe associant des facteurs psychologiques.
Le diagnostic repose principalement sur les données d’interrogatoire (depuis quand, la capacité érectile résiduelle, la sévérité de la dysfonction érectile résiduelle, les habitudes sexuelles du patient, l’habilité à l’activité́ sexuelle, et tous les facteurs médicaux, psychologiques, relationnels et sociaux.
Des auto-questionnaires peuvent être proposés en complément de cet interrogatoire. Le questionnaire validé le plus connu est l’indice international de la fonction érectile (IIEF) ou le Sexual Health Inventory for Men (SHIM).
L’évaluation de la partenaire peut être fait chaque fois que c’est possible :
Un examen clinique est recommandé chez tous les patients avec :
- un examen génital : appréciation des caractères sexuels : testicules (taille, consistance), pénis (recherche d’un phimosis, d’une courbure de verge, taille du pénis ou d’autres anomalies morphologiques) , appréciation de la pilosité du patient
- un toucher rectal en cas de symptômes du bas appareil urinaire ou pour certains patients à partir de 50 ans.
- un examen mammaire à la recherche d’une gynécomastie ;
- un examen cardiovasculaire : prise de tension artérielle, du pouls et des pouls périphériques, recherche d’un souffle artériel, mesure du périmètre abdominal ;
- un examen neurologique orienté : réflexes ostéotendineux et cutanés plantaires, sensibilité des membres inférieurs, en particulier des pieds, et recherche d’une anesthésie en selle (au moment du toucher rectal).
Des examens complémentaires tel qu’un bilan biologique, un bilan cardiologique et un test d’effort peuvent être réalisés
Aucun examen d’imagerie n’est recommandé.
En deuxième intention, après échec du traitement oral, une écho-pharmaco-doppler pénienne peut être réalisée. permet d’aider à la compréhension du mécanisme de l’insuffisance érectile.
L’interrogatoire, l’examen clinique et les examens complémentaires sont essentiels dans la prise en charge de la dysfonction érectile et permettent de dépister des pathologies et des comorbidités associées
Plusieurs facteurs interfèrent sur la fonction érectile et peuvent s’ajouter de façon variée. Ces facteurs peuvent générer ou pérenniser un trouble de l’érection.
Ces facteurs sont classés en facteurs médicaux, psychologiques, relationnels, sociaux. La classification étiologique de la dysfonction érectile en trois types (organique, psychogène et mixte) est abandonnée.
Les facteurs médicaux ou organiques sont :
- le vieillissement
- le diabète, les pathologies cardiovasculaires (cardiopathie ischémique, insuffisance cardiaque), accident vasculaire cérébral, artériopathies périphériques, hypertension artérielle, dyslipidémie, obésité et syndrome métabolique
- les maladies neurologiques (maladie de Parkinson, sclérose en plaques, blessé médullaire, AVC, neuropathie périphériques)
- les troubles du bas appareil urinaire (HBP…)
- l’hypogonadisme et trouble de la fertilité
- les traumatismes pelviens périnéaux, fracture de verge, la maladie de Lapeyronie, l’antécédent de priapisme,
- les autres maladies chroniques : Toute maladie chronique expose à un risque de dysfonction érectile plus marqué (atteinte directe de la pathologie sur l’érection ou par une majoration de l’impact émotionnel du vécu de la maladie)
- le tabac, l’alcool, la toxicomanie
- l’iatrogénie : médicaments (antihypertenseurs type diurétiques et spironolactone, hypolipémiants fibrates et statine, psychotropes antidépresseurs et neuroleptiques, antirétroviraux), chirurgies pelvis-périnéales (cancer de prostate ou de vessie, colon ou rectum, le rétropéritoine de même que la chirurgie pénienne ou testiculaire), la radiothérapie et brachythérapie pelvienne
Les facteurs psychologiques peuvent être le syndrome dépressif, l’anxiété, les troubles de l’humeur, les troubles du sommeil, les addictions et les pathologies psychiatriques
Les facteurs relationnels peuvent être le statut conjugal, les conflits dans le couple, la mauvaise communication, la divergence par rapport au désir d’activité sexuelle, les troubles de l’attachement. Par ailleurs il existe une corrélation, entre les dysfonctions sexuelles masculines et féminines dans un couple avec un « effet miroir » (l’apparition d’une dysfonction érectile peut engendrer l’apparition d’une dysfonction sexuelle de la partenaire).
Enfin les facteurs sociaux peuvent être des facteurs de stress notamment dans les 6 mois ayant précédé l’apparition de la dysfonction érectile (perte d’emploi, burn-out, décès, accident, agression, divorce…), les facteurs culturels ou religieux (par exemple inhibition liée à des interdits à l’égard de la sexualité), et tout autres type de vulnérabilité individuelle (mauvaise image du corps, antécédents d’abus sexuels ou de violences physiques et/ou psychologiques).
Le choix du traitement dépend donc :
Puisqu’il n’y a pas de norme en matière de sexualité, le but de la prise en charge va être de donner au patient la capacité d’atteindre ses objectifs. En général, on considère que la fonction érectile est restauré quand 75% des rapports sexuels sont considérés comme satisfaisants. Cette prise en charge passe par l'information sexuelle, des conseils d’hygiène de vie, des traitements des facteurs de risques cardio-vasculaires, des traitements d’aide à l’érection.
La prescription d’un traitement d’aide à l’érection doit aujourd’hui s’accompagner d’un minimum d’explications simples : mode d’action du traitement prescrit, forme et posologie à respecter, effets indésirables possibles, description et respect des modalités de prise, nécessité d’une stimulation sexuelle, éviter d’abandonner trop rapidement le rapport sexuel. Plusieurs prises peuvent être nécessaires avant d’être satisfait d’un traitement de l’érection.
Les traitements d’aide à l’érection peuvent être des traitements médicamenteux :
- des comprimés des inhibiteurs de la phosphodiestérase de type 5 (iPDE-5
- un traitement local (La prostaglandine de type 1)
- des injections intra caverneuses
- des traitements topiques d’alprostadil
Le traitement peut être mécanique : Vacuum
C’est un système mécanique permettant une érection passive du fait de la dépression induite par une pompe à vide reliée à un cylindre dans lequel est placée la verge. L’érection obtenue est maintenue grâce à un anneau élastique compressif placé à la base du pénis. Son efficacité varie de 40 à 80 %.
Enfin le traitement peut être chirurgical : Implant pénien
Il s’agit de la mise en place chirurgicale de deux implants, un dans chaque corps caverneux, entraînant une érection mécanique. Il s'agit d'un traitement de « 3e ligne » de la dysfonction érectile qui se substitue de façon définitive au tissu érectile. L’indication essentielle est celle d’une dysfonction érectile résistant à tout traitement.
Par ailleurs la prise en charge des troubles de l’érection nécessite un contrôle du risque cardiaque.
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