
Orthopédie
Lombalgie chronique : faut-il essayer les médecines complémentaires ?Par Fanny Bernardon le 09/12/2019
La polyarthrite rhumatoïde (PR) est un rhumatisme inflammatoire chronique. La membrane qui tapisse l’intérieur de la cavité articulaire, s’appelle la membrane synoviale. Elle subit une inflammation et elle sécrète alors le liquide synovial en excès. L’articulation gonfle et devient douloureuse (c’est le classique “épanchement de synovie”).
Tous les rhumatismes inflammatoires d’une articulation connaissent ce phénomène. La polyarthrite rhumatoïde a en revanche la spécificité de voir les cellules de la membrane synoviale se multiplier anormalement, aboutissant à un épaississement de cette membrane (pannus synovial). Au-delà de la prolifération de la membrane synoviale, il y a la production notamment d’enzymes protéolytiques qui vont conduire à la dégradation et à la destruction articulaire.
La polyarthrite rhumatoïde touche plusieurs articulations, d’où son nom. Si l’inflammation perdure, des lésions sur tous les éléments de l’articulation (cartilage, os situé sous le cartilage) mais aussi sur ceux qui l’entourent (ligaments, tendons) vont survenir. La polyarthrite rhumatoïde est aussi qualifiée de maladie systémique car divers organes ou appareils peuvent être atteints, en plus des articulations.
Des atteintes peu sévères peuvent concerner la peau avec le développement des nodules rhumatoïdes (« boules » souvent localisées aux coudes ou à côté des articulations des doigts) ou bien se manifester par une sécheresse de l’œil et de la bouche (syndrome de Gougerot-Sjögren). D’autres manifestations plus rares mais plus sévères peuvent atteindre l’œil, le cœur, les poumons, les nerfs et les vaisseaux.
La polyarthrite rhumatoïde fait en outre partie des maladies auto-immunes, car elle résulte d’un dérèglement immunitaire, lequel explique aussi sa pérennisation. En plus de fabriquer des anticorps contre les microbes ou virus étrangers, le système immunitaire fabrique des auto-anticorps.
Dans certains cas, il peut être utile de demander un deuxième avis car la polyarthrite rhumatoïde est une maladie possiblement invalidante et aux conséquences parfois sévères. Choisir le bon traitement et au bon moment, puis le suivre et l’adapter est important afin de maîtriser l’évolution de la maladie, voire d'obtenir une rémission.
Aussi, le deuxième avis peut être légitime en raison de la multiplicité et de la complexité des choix thérapeutiques. Le recours à des médicaments spécialisés doit être guidé par un médecin expert dans le domaine du diagnostic et de la prise en charge thérapeutique de la polyarthrite rhumatoïde.
Un deuxième avis peut ainsi être éclairant face aux multiples choix thérapeutiques qui existent. La recherche avançant rapidement dans le domaine (avec notamment les biothérapies), il est aussi important de s’assurer que la prise en charge proposée est bien en lien avec les dernières connaissances scientifiques. La polyarthrite rhumatoïde peut être reconnue au titre d'une affection de longue durée (ALD). Les examens et les soins en rapport avec cette maladie sont alors pris en charge à 100 % dans la limite des tarifs de l’Assurance Maladie.
Mais aussi toutes les autres questions spécifiques que vous vous posez.
Le rhumatologue est le spécialiste de la polyarthrite rhumatoïde, pour toutes questions sur les alternatives et le suivi thérapeutiques.
Au-delà de cela, la prise en charge du malade est une prise en charge dite globale et pluriprofessionnelle. D’autres acteurs de santé peuvent être impliqués comme le médecin généraliste et après, en fonction des cas, les chirurgiens orthopédiques, les médecins de médecine physique et réadaptation, le médecin du travail, les infirmiers, le kinésithérapeute, l’ergothérapeute ou encore le psychologue.
Concernant les circonstantes d’apparition de la maladie, la polyarthrite rhumatoïde est une maladie qui prédomine dans le sexe féminin. Elle peut apparaitre chez une femme jeune notamment dans les suites d’un accouchement mais elle apparait plus fréquemment dans la période péri-ménopausique.
Aussi, beaucoup de patientes et patients mettent en avant le début de leur maladie dans les suites d’un choc physique et/ou psychique.
Enfin, la polyarthrite rhumatoïde peut être associée à deux facteurs très fréquents. Le premier est l’intoxication tabagique et le second est le surpoids voire même l'obésité.
Concernant les symptômes, la polyarthrite rhumatoïde se manifeste principalement par des douleurs articulaires, bilatérales, et touchant majoritairement les petites articulations des mains et des pieds.
Les douleurs surviennent en deuxième partie de nuit et régressent spontanément au cours de la matinée après quelques minutes ou heures de « dérouillage » matinal. Un gonflement articulaire au niveau des articulations douloureuses peut aussi être présent.
Des symptômes extra-articulaires plus rares peuvent aussi apparaître tels qu’une dyspnée , une sécheresse buccale ou lacrymale (manque de larmes au niveau des yeux) ou des nodules cutanés rhumatoïdes mais assez rares. Un autre symptôme très fréquent est la fatigue.
Le diagnostic se base tout d’abord sur un interrogatoire du médecin qui recherche notamment les symptômes et les facteurs de risque de la polyarthrite rhumatoïde.
Des examens sont aussi prescrits :
Aujourd’hui, les traitements disponibles permettent d’arrêter l’évolution de la polyarthrite rhumatoïde, mais la maladie reprend souvent à leur arrêt. Le choix des traitements dépend de la sévérité de la maladie, de sa capacité d'évolution mais aussi de l’état de santé général du patient (il peut y avoir des comorbidités) et de ses choix de vie (notamment le désir de parentalité). Le traitement médicamenteux doit être adapté à chaque patient. Les médicaments de la polyarthrite rhumatoïde peuvent entraîner des effets indésirables et nécessitent un suivi régulier.
Un bilan avant la mise en route d'un traitement de fond et la surveillance en cours de traitement sont nécessaires.
Aussi, certaines règles doivent être appliquées avant la mise en route d'un traitement de fond, car celui-ci est immunosuppresseur :
Pour lutter contre les douleurs de la polyarthrite rhumatoïde, le traitement peut comporter :
Le traitement de fond :
Ce traitement est adapté en fonction des patients. On dispose de plusieurs molécules qui peuvent être associées ou pas. Ces médicaments efficaces peuvent avoir des effets secondaires parfois sévères. Leur prescription est encadrée et doit être surveillée.
Il s'agit d'un médicament dit de "synthèse", immunosuppresseur, utilisé en règle générale en première intention. Il est pris par voie orale ou sous-cutanée une seule fois par semaine avec une supplémentation par vitamines (folates).
Il fait l’objet de rares contre-indications: allergie à l'un des composants du médicaments, troubles de la fonction du foie ou des reins ou infections graves en cours
En cas de contre-indication ou d'intolérance au méthotrexate, un traitement par léflunomide ou sulfasalazine peut être proposé.
Le plus souvent, le médicament utilisé est un anticorps monoclonal anti-TNF inhibant le facteur TNF-alpha, un des principaux vecteurs de l'inflammation.
Ces médicaments permettent de stopper ou de ralentir l'évolution de la maladie. Avec la suppression de la PIH (prescription initiale hospitalière) ces médicaments étaient prescrits initialement à l’hôpital, puis aujourd’hui par un médecin spécialisé en rhumatologie et administrés par injections sous-cutanées, mais parfois il existe aussi une administration possible IV (intra-veineuse).
Le recours aux biomédicaments ou thérapies ciblées se fait d’abord et avant tout chez les sujets qui sont considérés comme insuffisamment contrôlés par le seul méthotrexate
Il existe d’autres biomédicaments : rituximab (anti CD20/inhibition des lymphocytes B), CTLA4IG/abatacept (inhibition des lymphocytes T), biomédicaments dirigés contre l’interleukine 6 (tocilizumab et sarilumab). Ces autres biomédicaments sont des alternatives aux anti TNF α et Jak-inhibiteurs..
Pour les inhibiteurs de Januskinases, ils peuvent être proposés le plus souvent après un biomédicament notamment anti TNFα (selon en particulier les préconisations HAS). Il s’agit de traitements disponibles par voie orale.
Les traitements locaux :
Au niveau des articulations atteintes, ce sont des ponctions évacuatrices et les infiltrations de corticoïdes, ou des synoviorthèses. Les infiltrations et ponctions concernent d’abord et avant tout les grosses articulations notamment le genou.
Ils ont pour objectifs de soulager la douleur en diminuant l’intensité de l’inflammation synoviale.
Le nombre de traitements illustre la complexité potentielle du choix d’un traitement de fond.
La chirurgie :
Elle peut être proposée pour différents objectifs:
La réadaptation fonctionnelle est effectuée par des ergothérapeutes et des kinésithérapeutes spécialisés et des médecins spécialistes en médecine physique et de réadaptation.
Des appareillages peuvent également être réalisés en fonction des besoins, soit pour éviter la déformation articulaire (poignets, doigts), soit pour aider à la réalisation des gestes du quotidien lorsque les déformations sont présentes. Comme appareillages, on peut nommer les orthèses. Les plus fréquentes sont proposées aux mains et aux poignets. Il existe aussi des orthèses plantaires / semelles (prise en charge podologique).
L’importance de la prise en charge des comorbidités
Elles sont particulièrement fréquentes. Elles interviennent de façon souvent non négligeable dans le choix de la prise en charge et des traitements. Les principales recommandations sont :
Mise à jour le 19/02/2025 Revue par le Professeur René-Marc Flipo
Rhumatologue
CHRU Lille - Hôpital Roger Salengro
Chirurgien orthopédiste
CHU Strasbourg - Hôpital de Hautepierre
Médecin physique et de réadaptation
Hôpital Cochin (APHP)
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