Le syndrome des loges (ou syndrome de compression des loges musculaires) survient lorsqu'un muscle se retrouve trop à l'étroit dans sa loge. En effet, les muscles de nos membres sont séparés les uns des autres et enveloppés par des membranes qu'on appelle des aponévroses. Le muscle est également parcouru de fibres, de nerfs qui commandent son action et sa sensibilité, et de vaisseaux qui permettent au sang de circuler et qui apportent l'oxygène. Ces membranes sont très solides et très peu extensibles. Le compartiment formé par le muscle et sa membrane s'appelle une loge.
Enserré dans sa membrane, le muscle, mais aussi les nerfs et les vaisseaux qui le parcourent, subissent une pression excessive. Le sang ne circule plus. Le muscle, appauvri en oxygène s'asphyxie. C'est l'ischémie. Le syndrome touche en majorité les jambes, mais il peut parfois se retrouver sur d'autres localisations, essentiellement les avant-bras.
On distingue généralement deux types de syndrome des loges, selon son caractère chronique ou aigu. Le syndrome des loges chronique fait suite à une sollicitation trop importante des muscles, après un sport intense ou un déménagement par exemple. Au moment de l'effort, l'activité musculaire provoque un afflux de sang dans les vaisseaux. Un piège vasculaire peut gêner l’apport ou la sortie du sang de la loge musculaire et expliquer, en partie l’origine du syndrome des loges. Du coup le muscle en souffrance se retrouve à l'étroit dans ce compartiment qui n'est pas extensible. Et c'est la compression. Le syndrome des loges chronique touche surtout les sportifs professionnels ou non, chez qui il représente 10 % des blessures.
Le syndrome des loges aigu survient généralement après un traumatisme (le plus souvent une fracture), ou en cas de revascularisation après un arrêt prolongé de l’apport sanguin à un membre (par exemple, en cas d’ablation chirurgicale retardée d’un caillot ayant obstrué plusieurs heures une artère). Parfois le traumatisme provoque un œdème ou un hématome important qui entraîne une compression interne du muscle qui se retrouve à l'étroit dans sa loge. Mais l'interruption de la circulation sanguine peut aussi venir d'une compression externe, comme la mise en place d'un plâtre ou d'un pansement trop serré par exemple. Le syndrome des loges aigu touche majoritairement le mollet. La forme aiguë du syndrome des loges est considérée comme une urgence chirurgicale. Un retard dans le diagnostic pourrait provoquer des séquelles irrémédiables, notamment une perte de fonction voire, dans les cas les plus graves, une amputation du membre.
Le syndrome des loges touche davantage l'homme que la femme, et surtout les personnes jeunes et sportives. Le pic de fréquence se situe entre 20 et 30 ans, plus rarement à l'adolescence.