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Maladies chroniques : êtes-vous concerné ?Par Marion Berthon le 07/12/2020
Le foie est l’un des plus gros organes de notre organisme. Situé en haut à droite de l’abdomen, il appartient au système digestif. Il a pour fonction de stocker les nutriments, de transformer les glucides, les lipides et les protides, de purifier notre organisme en détruisant certaines toxines et enfin il sécrète des enzymes et de la bile qui facilitent le processus de digestion.
Le cancer primitif du foie se différencie du cancer métastatique du foie. Le premier se développe à partir des cellules du foie foie, alors que le second est un cancer qui prend naissance ailleurs, et dont les métastases se développent dans le foie.
Dans 80% des cas, le cancer primitif du foie est un carcinome hépatocellulaire (qui progresse à partir des cellules du foie). Plus rarement, il peut aussi se former à partir des cellules des canaux biliaires (les canaux qui conduisent la bile, depuis le foie jusqu’à la vésicule). Ce sera alors un cholangiocarcinome. Enfin, la maladie peut exceptionnellement se développer à partir des vaisseaux sanguins (angiosarcome, hémangio-endothéliome épithélioïde) et les tissus conjonctifs du foie (sarcomes).
Le cancer primitif du foie touche majoritairement les hommes de plus de 60 ans. On estime à près de 8000 le nombre de nouveaux cas chaque année en France et on constate que ce nombre augmente régulièrement depuis une vingtaine d’années.
Même si la décision thérapeutique est collégiale au cours d’une réunion de concertation pluridisciplinaire, un deuxième avis est tout à fait indiqué dans le cadre d’un cancer primitif du foie. Dans la mesure où cette maladie engage le pronostic vital du patient, ce dernier a tout intérêt à être le mieux informé possible sur les différents aspects de la maladie et de ses traitements. Il doit parfaitement connaître la nature des thérapies qui existent, mais aussi leurs risques potentiels (notamment en cas de transplantation hépatique) avant de faire ses choix. Mieux accompagné, le patient,(mais aussi son entourage, aura les compétences pour participer activement à sa prise en charge de manière éclairée. Comprendre sa maladie et adhérer aux traitements proposés c’est déjà une partie de la stratégie thérapeutique.
Mais aussi toutes les autres questions spécifiques que vous vous posez.
Un hépato-gastro-entérologue. C’est le spécialiste des maladies du foie et des organes du tube digestif, ainsi que leurs pathologies, et notamment des maladies du foie.
Un chirurgien. Spécialisé en chirurgie viscérale, c’est lui qui prend en charge les opérations chirurgicales qui touchent le foie, mais aussi l’estomac, les intestins, la rate…
Un oncologue. Pour toutes les questions spécifiques relatives au traitement du cancer. Auparavant, assurez-vous de sa spécialisation dans les cancers du foie.
Le radiologue. Il est le spécialiste des traitements radio-interventionnels. Il entrera dans la prise en charge si un traitement par radiofréquence (ou embolisation) est proposé.
Le cancer primitif du foie a la particularité de rester longtemps asymptomatique, ce qui rend son diagnostic souvent tardif. Puis, à mesure que la maladie se développe, certaines personnes peuvent ressentir des douleurs en haut à droite de l’abdomen (là où se situe le foie) qui irradient ensuite vers l’épaule ou le dos. Une altération de l’état de santé général (amaigrissement, fatigue intense, fièvre, nausées, perte d’appétit), ainsi qu’un ictère (lorsque la couleur de la peau tend vers le jaune) doivent également alerter le patient.
Le diagnostic se base tout d’abord sur un interrogatoire du médecin qui recherche notamment les symptômes et les facteurs de risque de la maladie.
Le carcinome hépatocellulaire, le plus courant des cancers primitifs du foie, est le plus souvent associé à une cirrhose. D’autres facteurs que la cirrhose peuvent en être responsables : une infection chronique du foie (comme l’hépatite B ou C), une consommation excessive d’alcool mais aussi de tabac, certaines maladies des canaux biliaires (cholangites) ou du foie (hépatites chroniques), le diabète ou encore l’obésité (responsables d’une stéato-hépatite non alcoolique ou NASH) sont également montrés du doigt. Les médecins peuvent également suspecter certains troubles du métabolisme (comme l’hémochromatose, une maladie qui se traduit par une concentration excessive de fer dans le foie), mais aussi une exposition prolongée à certaines substances chimiques (le plutonium, le dioxyde de thorium, le chlorure de vinyle…).
Après un examen clinique, et en cas de suspicion d’un cancer, le médecin demandera en premier lieu une échographie abdominale. Celle-ci doit être complétée par d’autres examens d’imagerie médicale, tels que le scanner ou l’IRM abdominale pour confirmer ou préciser le diagnostic. Une biopsie du foie nodulaire et du foie non nodulaire est souvent réalisée pour optimiser les décisions de traitement.
Le choix du traitement du cancer primitif du foie dépend :
Si l’état du foie le permet, le traitement d’un cancer primitif du foie fait appel à la chirurgie. C’est un traitement réellement curatif. L’opération préconisée en première intention est l’ablation partielle du foie (hépatectomie). Malheureusement, cette intervention n’est pas toujours réalisable car le foie est souvent trop dégradé pour la permettre. Il faut également que la tumeur ne soit pas trop grosse pour permettre à la portion de foie résiduelle de fonctionner.
Quand l’intervention n’est pas possible, le chirurgien ou plus souvent le radiologue peuvent proposer de détruire la tumeur par radiofréquence (il s’agit de soumettre la tumeur à l’action d’un courant électrique de haute fréquence qui va chauffer et détruire les cellules cancéreuses.) Ce procédé est utilisé pour les petites tumeurs de moins de 3 cm.
Enfin, chez les patients atteints de cirrhose du foie, une transplantation hépatique peut être une solution. Il s’agit d’une intervention qui a pour but de remplacer le foie malade par un foie sain, ce qui n’est possible que sur une minorité de patients.
Lorsque la chirurgie n'est pas réalisable, le traitement est palliatif et fait appel à la chimio-embolisation intra-artérielle hépatique. Ce procédé associe des médicaments de chimiothérapie à un produit qui va boucher l’artère et ainsi bloquer le sang qui alimente la tumeur en nutriments. Ce traitement sert surtout à ralentir le développement de la tumeur. Une radioembolisation combinant embolisation et radiohérapie interne est aussi possible.
Les médecins peuvent également recourir à la radiothérapie pour soulager la douleur et diminuer les symptômes.
Des chimiothérapies sont de plus en plus disponibles combinant des immunothérapies et des inhibiteurs de croissance vasculaire (la combinaison Atezolizuma, inhibiteur PD-L1/Bevacizumab par exemple) et donant des résultats encourageants dans les cancers avancés.
Mise à jour le 12/12/2023 Revue par le Professeur Stanislas Pol
Gastro-entérologue
Hôpital Cochin (APHP)
Chirurgien viscéral et digestif
Hôpital Paul Brousse (APHP)
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Maladies chroniques : êtes-vous concerné ?Par Marion Berthon le 07/12/2020