Implant cochléaire
Qu'est-ce qu'un implant cochléaire ?
L’implant cochléaire est un dispositif médical destiné à rendre un certain degré d’audition à des patients atteints d’une perte auditive bilatérale sévère voire profonde (dite de perception), en palliant un défaut de fonctionnement de l’oreille interne. Il est donc indiqué pour les surdités de perception neurosensorielles dites « endo-cochléaires ».
Les pertes auditives de perception concernent un défaut de fonctionnement de l’oreille interne, dont la cause peut être congénitale, découverte à la naissance, héréditaire ou provoquée par un développement fœtal anormal, par exemple par la rubéole avant qu’un vaccin n’ait été découvert.
D’autres causes acquises après la naissance peuvent également être responsable, tel qu’un traumatisme, une exposition au bruit d’armes à feu ou de machines, une maladie de Ménière, une méningite, ou encore la presbyacousie.
Certains médicaments ototoxiques, comme certaines chimiothérapies, peuvent être mis en cause.
La décision de pose d’un implant cochléaire est prise par une équipe pluridisciplinaire après un bilan préimplantatoire.
L’oreille est composée de trois parties, l’oreille externe, moyenne et interne :
- La partie externe est constituée du conduit auditif externe, qui conduit le son jusqu’au tympan, qui reçoit le son et le transmet à l’oreille moyenne en faisant vibrer des osselets, les plus petits os du corps humain.
- Ces trois osselets de l’oreille moyenne transmettent tour à tour le son à l’oreille interne.
- Qui va parvenir à l’oreille interne, d’abord à la cochlée, qui va “coder” le son pour le transmettre au nerf cochléo-vestibulaire puis au cerveau.
L’implant cochléaire est une prothèse auditive électrique qui est indiquée lorsque la surdité est trop importante pour pouvoir bénéficier de prothèses auditives conventionnelle. L’implant cochléaire a donc comme objectif de remplacer totalement une oreille interne déficiente et de permettre une stimulation directe du nerf de l’audition.
L’implant cochléaire est composé d’une partie externe et une partie interne implantée par chirurgie :
- Une partie externe positionnée sur l’oreille, un microphone recueillant le son ambiant et le transformant en signal électrique. Un processeur vocal convertit le signal en impulsions électriques et les transmet à l’émetteur, qui les transmet par inductions électromagnétiques au récepteur situé sous la peau.
- Une partie interne : le récepteur, sous la peau et relié à l’os mastoïde, qui reçoit et produit une série d’impulsions électriques à destination d’électrodes implantées dans la cochlée qui stimulent directement le nerf cochléo-vestibulaire, générant un influx nerveux qui sera interprété par les centres supérieurs comme un son (cette partie interne est donc un transducteur qui transforme un signal acoustique en un signal électrique).
Une fois la partie externe branchée sur la partie interne, plusieurs réglages seront nécessaires pour optimiser le fonctionnement de l’implant.
Après le branchement, une rééducation orthophonique sera toujours nécessaire pour redonner un sens aux sons perçus et améliorer les performances avec l’implant. Il existe donc un apprentissage post-opératoire permettant d’optimiser les performances de l’implant cochléaire.
L’intervention a pour but de mettre en place la partie interne de l’implant.
L’approche et le fonctionnement de l’implant cochléaire est donc différent des prothèses auditives classiques externes, ces dernières ne faisant qu’amplifier le son, sans le créer.
Bien qu’il existe des variations individuelles entre les patients, et que les pathologies responsables des troubles soient multiples, les implants cochléaires permettent dans les cas les plus favorables, une très bonne compréhension orale et la possibilité d'effectuer des conversations téléphoniques.
Quel est l'intérêt d'un deuxième avis pour la pose d’un implant cochléaire ?
Pourquoi demander un deuxième avis pour la pose d’un implant cochléaire ?
La perte d’audition est une anomalie responsable d’un véritable préjudice social et personnel qui doit être pris en charge. Une analyse méthodique de l’indication chirurgicale doit être réalisée et nécessite une expertise de qualité en centre spécialisé.
Une fois le diagnostic posé, le traitement appartient au patient et doit reposer sur une discussion. La pose de prothèse auditive externe classique, moins invasive que la pose d’un implant, est une solution à tenter, mais peut ne pas convenir et être insuffisante.
L’indication de pose d’un implant cochléaire étant corrélée à son efficacité en particulier chez l’enfant, un deuxième avis, une deuxième discussion avec un spécialiste à son propos peut faire pencher la balance décisionnelle du bénéfice/risque.
Quelles sont les questions les plus fréquemment posées pour la pose d’un implant cochléaire ?
- Est-on sûr de mon diagnostic ?
- Mon traitement actuel est-il suffisant ?
- Dois-je réaliser d’autres examens ? Lesquels ?
- Suis-je éligible à la pose d’un implant cochléaire ?
- Quels sont les bénéfices que je peux en attendre ?
- Les risques sont-ils élevés ?
- Comment se déroule la pose ?
- En quoi consiste l’implant ?
- Une simple prothèse auditive me suffit-elle ?
Mais aussi toutes les questions spécifiques que vous vous posez.
Quels sont les spécialistes de la pose d’un implant cochléaire ?
Les spécialistes de la pose d'un implant cohléaire sont les médecins ORL (oto-rhino-laryngologiste), spécialistes de la tête et du cou, et notamment du nez, de la gorge et de l’oreille.
Un chirurgien ORL est également à consulter, puisque c’est lui qui décide de poser l’implant cochléaire.
Quelles sont les maladies éligibles à la pose d’un implant cochléaire ?
Les implants cochléaires sont indiqués dans les pertes auditives de perception sévères à profondes, lorsque les prothèses auditives ne suffisent pas, ce qui se traduit par un résultat inférieur à 50 % au test de reconnaissance de phrases.
L’implant cochléaire peut également être un traitement aux acouphènes rebelles et invalidants sous certaines conditions.
Comment se passe la pose d’un implant cochléaire ?
Les examens se déroulent dans un centre d’implantation dédié et nécessitent un bilan complet ORL, orthophonique, psychologique, audiométrique et radiologique (scanner et IRM).
- Le bilan audiométrique consiste à évaluer la perte auditive en décibel (dB) ainsi que la compréhension orale, avec et sans aide auditive. On distingue une vocale (entendre un son) et une tonale ou intelligibilité (comprendre le son), qui seront explorés séparemment lors de cet examen. L’indication d’implant cochléaire se pose quand on obtient moins de 50 % de mots compris à 60 dB en condition d’amplification maximale par une prothèse auditive classique externe.
- Le bilan orthophonique évalue le niveau de parole du patient et sa compréhension labiale.
- Les potentiels évoqués auditifs mesurent à l’aide d’électrodes posées sur la tête, la réponse donc la fonctionnalité du nerf cochléo-vestibulaire (qui transmet le son) et du cerveau. En effet, le nerf doit être fonctionnel pour que l’implant cochléaire fonctionne.
- Le scanner des oreilles (des rochers) permet de détecter une possible malformation cochléaire ou une ossification du canal de la cochlée qui pourrait empêcher le fonctionnement de l’implant ou impliquerait une technique opératoire spécifique.
- L’IRM de l’oreille interne recherche des anomalies du nerf cochléo-vestibulaires qui pourraient gêner la transmission de l’influx nerveux.
- Les tests de l’équilibre détectent une lésion de la partie postérieure de l’oreille interne (appelée système vestibulaire, responsable de l’équilibre).
- Un bilan psychologique est systématique et vérifie la motivation du patient à suivre l’indispensable rééducation post-opératoire au long cour.
L’opération dure entre 2 et 3 heures généralement, pour une hospitalisation de 2 à 5 jours.
L’intervention se déroule le plus souvent sous anesthésie générale. Une consultation d'anesthésie pré-opératoire est indispensable. Il est de la compétence du médecin anesthésiste-réanimateur, qui sera vu en consultation au préalable, afin de répondre à vos questions relatives à sa spécialité. L’intervention nécessite une incision cutanée qui laissera une cicatrice minime, non ou pas visible, en arrière de l’oreille. La partie principale de l’implant (processeur interne) est mise en place en arrière de l’incision et pourra être sentie après l’intervention en palpant la peau située derrière l’oreille (région mastoïdienne). Le porte-électrode, qui prolonge le processeur interne est inséré dans l’oreille interne.
Les agrafes et les fils sont à enlever environ 10 jours après l’opération, et les réglages de l’appareil sont effectués entre 10 et 40 jours post-opératoire. C’est à ce moment que l’appareil est mis en marche et que les premiers sons sont perçus.
La durée d’hospitalisation et les soins post-opératoires seront précisés par le chirurgien. Cette intervention peut être effectuée en chirurgie ambulatoire (dans la journée).
La rééducation est longue, cruciale pour l’adaptation et le bon fonctionnement de l’implant cochléaire. Celle-ci dure entre 1 à 6 mois, à hauteur de 2 à 5 séances par semaine.
Quels sont les bénéfices et les risques de la pose d’un implant cochléaire ?
Quels sont les bénéfices de la pose d’un implant cochléaire ?
Les bénéfices de la pose d’implant cochléaire dépendent du patient. Dans les cas les plus favorables, une bonne compréhension orale des sons ambiants permet de tenir des conversations téléphoniques.
De nombreux facteurs font varier les résultats, avec notamment la durée de privation sonore avant la pose, le niveau de la perte auditive, l’état de l’oreille interne, la durée quotidienne du port de l’appareil ainsi que des possibles comorbidités du patient.
Quels sont les risques liés à la pose d’un implant cochléaire ?
Inhérent à tout traitement chirurgical, certains risques sont possibles lors d’une opération. Tout acte médical, investigation, exploration, intervention sur le corps humain, même conduit dans des conditions de compétence et de sécurité conformes aux données actuelles de la science et de la réglementation en vigueur, recèle un risque de complication. Comme toute prothèse électronique un dysfonctionnement de la partie implantée peut survenir nécessitant une nouvelle intervention pour la remplacer.
- Les risques immédiats : une douleur de la région opératoire ou une gêne à la mastication sont banales dans les premiers jours qui suivent l'intervention. Un hématome peut être observé dans la région opératoire. Des vertiges ou une instabilité et des acouphènes peuvent aussi survenir (ou se modifier s’ils étaient déjà présents avant l’intervention). Ils sont généralement transitoires. Des troubles du goût peuvent également être observés et sont souvent régressifs. À noter que la mise en place de l’implant cochléaire peut, dans de rares cas, être impossible en raison d’une disposition anatomique particulière de l’oreille.
- Les risques secondaires : l’échec fonctionnel est possible avec une restauration insuffisante de la compréhension de la parole. Une stimulation du nerf facial (nerf qui permet de faire bouger le visage) peut être observée lors du branchement de l’implant, ce qui entraîne des mouvements parasites du visage en cas de stimulation sonore, nécessitant d’adapter les réglages de l’implant. Une infection banale au niveau du processeur interne peut également survenir, conduisant exceptionnellement au rejet de l’implant avec souffrance de la peau située en regard, ce qui peut nécessiter de retirer l’appareil chirurgicalement.
- Les complications graves ou exceptionnelles : en raison de la proximité du nerf facial, une paralysie faciale durable ou temporaire peut être observée, et nécessitera des soins appropriés. Les risques infectieux peuvent exceptionnellement conduire à une méningite, en raison de la communication de l’oreille interne, dans laquelle est mis en place le porte électrode, avec les espaces méningés.
Mise à jour le 30/07/2021 Revue par le Professeur Christian Debry
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Pr Christian Debry
Oto-rhino-laryngologiste (ORL)
CHU Strasbourg - Hôpital de Hautepierre
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