Quel taux de ferritine chez la femme ménopausée ?

Le taux de ferritine, mesuré via une prise de sang, varie d'une femme à l'autre et a tendance à augmenter à la ménopause. Bien que cette augmentation puisse être considérée comme modérée et ne pas susciter d'inquiétude particulière, un suivi médical régulier permet d'écarter d'autres pathologies possibles. Explications.

Qu'est-ce-que la ferritine dans le sang ?

Le sang qui circule dans le corps a notamment pour objectif de transporter l'oxygène qui parvient aux poumons, via la respiration, vers les cellules de l'organisme. Cette oxygénation des cellules est indispensable puisqu'elle permet le maintien en activité des organes du corps, et donc la vie.

Ce sang est entre autres composé de globules rouges, eux-mêmes composés d'hémoglobine. Cette hémoglobine est une protéine synthétisée à partir du fer, lequel est stocké grâce à la ferritine.

Il est donc important de distinguer fer et ferritine : alors que le fer correspond à ce qui circule en permanence dans le corps, la ferritine correspond elle à la réserve en fer présente dans l'organisme. Autrement dit, lorsque le taux de ferritine d'un patient commence à diminuer, cela signifie qu'il est en train de puiser dans ses réserves. 

A ce titre, la Haute Autorité de Santé indique que "le dosage du fer seul est moins informatif que celui de la ferritine" et que "le dosage du fer en plus du dosage de la ferritine n'apporte aucune information supplémentaire". Suite à ces recommandations, la Sécurité sociale a adapté sa nomenclature en 2017 et ne rembourse plus les dosages du fer.

Pourquoi la ferritine augmente à la ménopause ?

Le taux de ferritine varie en fonction du sexe, de l'âge et du contexte. A titre indicatif, ce taux pourra être :

• plus bas chez les femmes enceintes étant donné le développement du foetus (cette diminution peut parfois aller jusqu'à l'anémie par carence en fer)
• plus élevé chez les hommes que chez les femmes non ménopausées
• plus bas chez les femmes ayant des menstruations abondantes (risque d'anémie par carence en fer)
• plus élevé chez les femmes ménopausées que chez les femmes non ménopausées

Ce taux plus bas chez les femmes non ménopausées que chez les hommes s'explique notamment par le sang, composé entre autres de globules rouges et de fer, perdu par les femmes durant leurs règles. Cette quantité est certes minime, mais elle est répétée chaque mois. Cela explique également le taux plus élevé de ferritine chez les femmes ménopausées (qui n'ont donc plus leurs règles) que chez les femmes non ménopausées.

Avant la ménopause, un taux de ferritine est considéré comme normal lorsqu'il se situe autour de 30 µg/L. A partir de la ménopause, le taux considéré comme normal peut passer à environ 80 µg/L.

Quel taux de ferritine est alarmant pour une femme ménopausée ?

On parle d'hyperferritinémie lorsqu'une augmentation du taux de ferritine est constatée dans le cadre d'un bilan sanguin. Chez la femme, on peut évoquer une hyperferritinémie à partir de 200 µg/L.

A l'inverse, on suspecte une carence en fer voire une anémie par carence en fer lorsque le taux de ferritine est inférieur à 30 mg/ml chez l'homme et la femme ménopausée, contre 20 mg/ml chez la femme non ménopausée.

Quelles sont les autres causes possibles de trop de ferritine chez la femme ménopausée ?

Un excès de ferritine dans l'organisme peut être observé une fois la ménopause installée étant donné l'arrêt des menstruations. Cet excès doit toutefois rester modéré.

Lorsqu'il devient significatif, votre médecin traitant pourra vous prescrire des examens complémentaires afin d'en identifier les causes et vous proposer un traitement adapté.

Les causes d'une hyperferritinémie sont nombreuses et rappelons que seul votre médecin traitant sera à même de vous prendre en charge correctement.

• L'inflammation

En plus de stocker le fer, la ferritine a également un rôle anti-inflammatoire. En cas d'élévation du taux de ferritine, votre médecin peut suspecter une inflammation et vous prescrira alors un dosage sanguin de la protéine C réactive (CRP), qui est un marqueur biologique de l'inflammation.

• L'hémochromatose

Il s'agit d'une maladie génétique provoquée par un dysfonctionnement du foie et qui entraîne une surcharge en fer. Une fois le diagnostic posé et en fonction de chaque situation, le médecin peut être amené à prescrire des saignées.

• La cytolyse

La cytolyse est un trouble hépatique qui entraîne la destruction anormale des cellules du foie. Le taux de ferritine augmente alors en fonction de l'importance de la destruction cellulaire. La cytolyse peut avoir plusieurs origines que votre médecin traitant tentera d'identifier.

• La consommation d'alcool

L'alcool peut être responsable d'une hyperferritinémie via plusieurs mécanismes, notamment sa capacité à stimuler la synthèse de ferritine. En cas d'alcoolisme chronique, le taux de ferritine peut varier en fonction de l'évolution de la maladie.

Durant la ménopause, il est essentiel qu'un suivi médical régulier soit effectué par votre médecin traitant ou votre gynécologue afin d'optimiser votre qualité de vie et réduire les complications possibles comme l'hyperferritinémie significative.

Sources :

• Inserm, "Bon sang, mais bien sûr - c'est quoi l'hémoglobine ?", 2023 : https://www.inserm.fr/c-est-quoi/bon-sang-mais-cest-bien-sur-cest-quoi-lhemoglobine/ 
• Haute Autorité de Santé (HAS), "Diagnostic biologique d'une carence en fer : en première intention, doser la ferritine seule", 2011 : https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2011-11/fiche_buts_bilan_martial_carence_2011-11-09_17-07-51_399.pdf 
• Groupe d'Etude de la Ménopause et du Vieillissement hormonal (GEMVI), "La prise en charge de la ménopause" : http://gemvi.org/wp-content/uploads/2022/06/fiche-info-patiente-menopause-THM.pdf 
• Société Canadienne du sang, "Le fer et la santé des donneurs : le taux de ferritine" : https://www.blood.ca/fr/sang/don-de-sang/la-sante-et-la-securite-des-donneurs/le-fer-et-la-sante-des-donneurs-le-taux-de#:~:text=Le%20taux%20de%20ferritine%20peut,en%20parler%20avec%20leur%20m%C3%A9decin. 
• Inserm, "L'oxygénation des cellules, nobélisée et au coeur des recherches Inserm", 2019 : https://www.inserm.fr/actualite/oxygenation-cellules-nobelisee-et-coeur-recherches-inserm/#:~:text=Une%20avanc%C3%A9e%20d%C3%A9terminante%2C%20tant%20l,d%C3%A9veloppent%20des%20strat%C3%A9gies%20d'adaptation 
• Assurance Maladie, "Les symptômes et le diagnostic de l'anémie par carence en fer", 2023 : https://www.ameli.fr/roubaix-tourcoing/assure/sante/themes/anemie-par-carence-en-fer/symptomes-diagnostic 
• Assurance Maladie, "Bien couvrir ses besoins en fer et consulter en cas de saignement", 2023 : https://www.ameli.fr/roubaix-tourcoing/assure/sante/themes/anemie-par-carence-en-fer/couvrir-besoins-fer-age 
• Assurance Maladie, "Table Nationale de codage de Biologie - Fiche Ferritine" : http://www.codage.ext.cnamts.fr/cgi/nabm/cgi-fiche?p_code_nabm=1213&p_date_jo_arrete=%25&p_menu=FICHE&p_site=AMELI 
• Société Française d'Hépatologie (AFEF), "L'hémochromatose" : https://afef.asso.fr/lhemochromatose/ 
• Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments (Anses), "Tout savoir sur le fer", 2022 : https://www.anses.fr/fr/content/tout-savoir-sur-le-fer 
• Association Française de Formation Médicale Continue en Hépato-Gastro-Entérologie, "Que faire devant une hyperferritinémie ?", 2006 : https://www.fmcgastro.org/postu-main/archives/postu-2006-paris/que-faire-devant-une-hyperferritinemie/ 
• Association Française de Formation Médicale Continue en Hépato-Gastro-Entérologie, "Hyperferritinémie non hémochromatosique : diagnostic et prise en charge", 2020 : https://www.fmcgastro.org/texte-postu/postu-2020-paris/hyperferritinemie-non-hemochromatosique-diagnostic-et-prise-en-charge/