Le mal de dos : comment l’éviter ?

Le Pr Jérôme Allain, invité à intervenir dans un webinaire consacré au mal de dos organisé par deuxiemeavis.fr, nous explique comment éviter ces douleurs. 

Pauline d’Orgeval, Co-fondatrice & Présidente de deuxiemeavis.fr : “À quoi est dû le mal de dos ? Comment l'éviter et comment le prévenir ?”

Pr Jérôme Allain, Chirurgien orthopédique : “Le Professeur Lot a parfaitement bien expliqué l'origine du mal de dos et des sciatiques, et a surtout insisté sur la distinction entre ces deux phénomènes. Cette distinction n'est pas toujours faite, mais le traitement est complètement différent et donc il faut absolument qu'on fasse la séparation entre les deux. Là où c'est un peu plus compliqué, c'est que les deux peuvent s'associer. Et donc ça sera à nous de demander aux patients : “Est-ce que finalement, c'est votre mal de dos qui vous empoisonne le plus ? Ou est-ce que c'est plutôt la douleur dans la jambe ? Ou est-ce que c'est autant l'un que l'autre ?” 

Si quelqu'un vient nous voir parce qu'il a mal au dos et qu'il a une hernie discale, le lien, il n'est pas si évident que ça. Alors que les patients nous disent “Je viens vous voir pour ma hernie discale” et qu'en fait, ce qui va nous interpeller, c'est plus le disque malade, les petites articulations postérieures malades et que finalement, beaucoup de ces hernies discales sont asymptomatiques. Donc, c'est vraiment notre quotidien de faire la distinction entre la lombalgie et la sciatique, ou la cruralgie, en fonction de l'étage. 

Alors, comment le prévenir ? 

On connaît tout un tas de facteurs. Malheureusement, le premier facteur, qui représente à peu près 75% de l'origine des disques malades, c'est la génétique. [...] Pourquoi ? Parce qu'un disque, la partie centrale, c'est une partie hydrique. Il y a plus de 90% d'eau. Et, il y a les coques périphériques de collagène, qui ressemblent un peu à un ligament. Mais pour que ce disque fonctionne, il faut qu'il joue son rôle d'amortisseur et que cette présence d'eau perdure. Et comment est-ce que le corps se débrouille pour que l’eau reste dans le disque ? Les petites cellules qui sont dans ce disque qui sont des cellules qui ressemblent un peu aux cellules du cartilage, fabriquent une protéine qu'on appelle une protéoglycane. Et cette protéine attire l'eau. C'est comme une éponge qui va aspirer l'eau dans le disque et une fois qu'elle est dans le disque et la retenir avec ses petits bras, elle va l'empêcher de sortir. On s'est rendu compte que le vieillissement du disque est lié à une perte de concentration de cette protéine et il faut savoir que ça peut arriver à l’âge de 18-20 ans. On voit des patients à 18-20 ans qu’on est même parfois amené à opérer parce qu'ils ont des disques complètement déshydratés. Donc, le nucléus s'affaisse et à ce moment-là, les ligaments périphériques vont se détendre puisque la distance diminue entre les vertèbres. Et, ça va commencer à bouger dans tous les sens et faire des spondylolisthésis. 

Donc, il faut admettre que malheureusement, tant que les thérapies génétiques n'auront pas vaincu ce problème, il restera des indications à la chirurgie. On peut néanmoins tout faire pour prévenir cette dégradation discale.

Le premier élément, c'est le tabac. Le tabac déshydrate les disques. Si vous voyez les voix des grands fumeurs, vous devinez l'état de leurs cordes vocales qui sont également un élément qui est très hydraté. Pourquoi ils ont une voix éraillée, un peu comme les chanteurs de blues? Eh bien, parce que la concentration d'eau diminue à cause de la nicotine. Et aujourd'hui, c'est tellement vrai que quand on fait des publications, on doit mettre d'un côté les fumeurs et de l'autre côté, les non-fumeurs. Donc, c'est un élément majeur. 

Le deuxième élément, ça va être la surcharge pondérale, voire l'obésité. C'est de la mécanique. Debout, on a à peu près 50 kilos sur un disque lombaire, assis sur une chaise normale, on passe à 140 kilos. Et si on se penche en avant pour faire ses lacets, on passe à 200 kilos sur un disque. Et bien entendu, c'est directement proportionnel au poids. C’est exactement de la mécanique, comme dans une voiture. Si vous la chargez en permanence, les amortisseurs vont s'user. 

Et puis, le dernier élément, il y en a d'autres, bien sûr, mais ça va être l'exercice musculaire pour que les muscles spinaux, la sangle abdominale, les psoas, toute cette musculature extrêmement sophistiquée, viennent suppléer, aider les ligaments pour tenir cette colonne vertébrale. l Il y a beaucoup de sportifs de haut niveau qui se sont rompus les ligaments croisés du genou, qui ne sont pas opérés de leurs ligaments, mais qui ont un bon quadriceps des bons ischio-jambiers, qui arrivent parfaitement à poursuivre leur carrière. [...]. Dans la colonne vertébrale, c’est pareil. C'est pour ça qu'on dit que surtout, même quand on a mal au dos, il ne faut pas arrêter de bouger, pas arrêter de faire du sport et faire le maximum de ce qu'on peut faire avec la douleur qu'on a". 

Pour plus d’informations sur le mal de dos, retrouvez le webinaire complet ici. Le Pr Jérôme Allain est référencé sur deuxiemeavis.fr.

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