Le mal de dos : quelles sont les différentes maladies ?

Le Pr Guillaume Lot invité à intervenir dans un webinaire consacré au mal de dos organisé par deuxiemeavis.fr, nous explique les différentes pathologies liées au mal de dos. 

Pauline d’Orgeval, Co-fondatrice & Présidente de deuxiemeavis.fr : “Le mal de dos englobe plein de problèmes de dos différents. On parle de lombalgie, du lumbago, de sciatique, de sciatalgie, de cruralgie, d’hernie discale, de discopathie, de sténose lombaire, de cervicalgie, de névralgie cervico-brachiale. Est-ce que vous pouvez nous éclairer sur ces différentes pathologies?”

Pr Guillaume Lot, Neurochirurgien : “C’est un vaste sujet avec beaucoup de confusions dans les termes. 

La colonne lombaire est une des trois régions de la colonne : il y a la colonne cervicale, la colonne dorsale et la colonne lombaire. 

La colonne dorsale, il y a les côtes, c'est un peu bloqué, ça ne bouge pas. Par contre, la colonne cervicale et la colonne lombaire bougent beaucoup, sont donc contraintes mécaniquement et il va se produire une usure à l'origine de différents types de douleurs.[...]. La colonne lombaire, ce sont les cinq dernières vertèbres lombaires. Elles sont liées entre elles par les cinq vertèbres, par des moyens d’union. Ces moyens d'union, c'est essentiellement en avant les disques qui sont entre chaque vertèbre. [...]. Il y a les articulations qui sont d'autres moyens d'union entre les vertèbres. Ces vertèbres sont aussi liées par des muscles, par des ligaments. 

Et il y a une notion qui est importante. La colonne lombaire de profil est courbée vers l'arrière, un peu comme un arc, et la corde, ce sont des muscles. Et ça, c'est ce qu'on appelle la lordose lombaire. [...]. Cette usure, cette colonne lombaire, ce rachis lombaire est soumis au poids du corps, et est très mobile. Il va s'user mécaniquement, un petit peu comme dans un moteur, Les engrenages, les courroies s'usent. Ici ce ne sont pas des vertèbres qui s'usent, mais ce qui les unit : les disques, les articulations, les ligaments, ce qui va contribuer à la venue de lombalgies, c'est-à-dire de douleurs lombaires et qui vont être plus ou moins aiguës ou plus ou moins chroniques, selon l'évolution dans le temps. 

La première chose, c'est le lumbago. Le lumbago : qu'est-ce qui se passe ? Un disque, c'est un amortisseur entre deux vertèbres. Il y a une partie, qu'on appelle le nucleus, qui est élastique, qui contribue à l'amortissement. Et tout autour, il y a une sorte de coque, il y a plein de fibres nerveuses qui vont être mises en tension dès que le disque lui-même est comprimé. Le lumbago est donc une douleur d'origine discale. Quand un patient va soulever un poids ou faire un faux mouvement, c'est-à-dire un mouvement un peu excessif et brutal, cet anneau, plein de fibres nerveuses, va être mis en tension, va générer une douleur atroce. Les gens vont dire qu'ils sont paralysés. Ils ne sont pas paralysés. Ils sont seulement bloqués par la douleur. Heureusement, il n'y a aucun signe de paralysie. Et le lumbago est donc une douleur du bas du dos, aigüe, qui va durer plusieurs jours et qui, en général, va rentrer dans l'ordre, notamment lors des premières crises. 

Et puis, avec l'évolution, avec souvent la prise de poids, avec l'usure progressive de tous nos moyens d'union, vont apparaître des douleurs plus ou moins chroniques. Ce seront les lombalgies chroniques, les douleurs chroniques, qui sont un problème de santé publique, dont la prise en charge va relever de plusieurs spécialités du médecin généraliste, du rhumatologue et parfois du chirurgien. Mais indépendamment de ces lombalgies chroniques et de ces problèmes de douleurs qui sont des douleurs mécaniques, il y a aussi, à l'intérieur de la colonne, un canal. [...]. C'est le canal avec les nerfs. Vous allez me dire : pourquoi des nerfs et pas la moelle? Parce que la moelle, elle suit le cerveau pendant la croissance. Et puis, elle est moins longue que la colonne vertébrale, donc elle s'arrête en haut de la colonne lombaire. Après, ce sont des nerfs qui descendent, un peu comme dans un immeuble : l'eau, le gaz et l'électricité sortent à chaque étage. Là, les nerfs sortent entre chaque vertèbre, là où ils sont censés, depuis l'embryologie, sortir. [Et il y a] la queue de cheval. Ça ressemble à une queue de cheval qui repose [dans] le liquide céphalo-rachidien qui baigne un peu toutes ces racines, et qui est contenu dans un étui qui s'appelle la dure-mère. 

La première étape, de la dégénérescence, c’est-à-dire de l’usure de la colonne, avec l'usure des disques qui survient en général en premier dans l'évolution de la vie, c'est-à-dire que non seulement le disque va être mis en tension dans le lumbago, mais il va même y avoir une zone de fragilité dans l’annulus, c'est-à-dire dans l'espèce d'écorce qui entoure l’amortisseur, et va se produire une hernie discale. [...] Cette hernie discale va rentrer dans le canal. Et jusqu'à présent, on avait vu des douleurs essentiellement mécaniques, qui étaient les douleurs lombaires, et là vont apparaître un deuxième type de douleur qui n'a rien à voir, mais il y a une confusion souvent dans les termes. La hernie va appuyer sur une racine nerveuse qui est en train de sortir du canal. Il y a deux racines [...]. Une des racines est comprimée par la hernie. Ça va entraîner une douleur dans la jambe. Alors si c'est une hernie qu’aux deux derniers étages lombaires, ça va entraîner une douleur qui va avoir un trajet correspondant au nerf comprimé, qui est le nerf sciatique et ce sera donc une douleur sciatique. Si c'est une hernie qui se situe à des étages plus hauts, avant-avant-dernier ou même encore un peu plus haut, ça sera une douleur rural parce que ce n'est pas le même nerf et ce n'est pas le même trajet. Mais dans les deux cas, ce sont des douleurs neurologiques qui n'ont pas du tout du tout la même signification que les douleurs lombaires, qu’on a vues, qui sont des douleurs mécaniques. Ce sont des douleurs avec un air comprimé à un endroit très précis. Et c'est vrai que si on arrive à lever, soit par des médicaments, soit éventuellement par la chirurgie, cette compression supprimera la douleur. Donc, les gens souvent disent : “J'ai mal à ma hernie discale”. Non, ce n'est pas la hernie discale qui fait mal directement. C'est le nerf sur lequel elle appuie. La sciatique est la douleur, la hernie discale en est la cause. Mais ce n'est pas la seule cause.

Il faut comprendre que l'usure des différents moyens d’union des vertèbres va entraîner trois choses. 

La première chose, ce sont les douleurs lombaires, soit aiguës au début, puis ensuite chroniques. Finalement, c'est la mécanique qui est moins bien huilée avec l’âge. Les articulations crissent. Les disques sont moins souples, les muscles sont plus raides, ça fait mal au dos. 

La deuxième conséquence, c'est que tous ces braves gens qui unissent les vertèbres entre elles, vont augmenter de volume. Comme les articulations des doigts des gens âgés, grossissent avec l'usure, l'arthrose, qui est la forme d'évolution des articulations qui travaillent beaucoup. [...] Progressivement les disques vont s'écraser, mais les articulations [...] grossissent. Et vous voyez que [dans] le canal où tout à l'heure on voyait les racines bien au large, eh bien là, il n'y a plus du tout de racines au large. Il y a une compression des racines et là, on peut avoir des douleurs sciatiques, mais même des deux côtés parce que les deux côtés sont comprimés. C'est ce qu'on appelle un canal étroit et c'est la deuxième cause de souffrance des racines nerveuses, pour entraîner des sciatiques ou des cruralgies. 

Donc, on a vu : premier phénomène, c’est les douleurs qui sont liées au fait que les articulations se grippent, que les muscles et les ligaments sont plus raides et plus épais. Le deuxième phénomène : les articulations, les disques grossissent, ça rétrécit le canal. Et le troisième phénomène : ça prend du jeu avec l'âge. Et [il y a] ce qu'on appellera un spondylolisthésis. “Spondylo” ca veut dire vertèbre, “listhésis” ça veut dire glissement. La vertèbre du dessus, elle a un peu glissé, par rapport à celle du dessous Et ce glissement, qui est fréquent, va entraîner un accroissement du rétrécissement du canal, de la sténose canalaire, du canal lombaire étroit, et entraîner des douleurs parfois encore plus intenses. Il faut savoir qu'il n'y a pas que des spondylolisthésis. L'usure de tous ces moyens d'union peut entraîner aussi des scolioses, ou des aggravations de scolioses, ce qui commencent à parfois être des cas très complexes, d’autant plus que les patients sont plus âgés.”

Pour plus d’informations sur le mal de dos, retrouvez le webinaire complet ici. Le Pr Guillaume Lot est référencé sur deuxiemeavis.fr.

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