Les troubles du comportement : comment les traiter ?

Le Pr Eric Willaye, invité à intervenir dans un webinaire consacré au handicap et aux troubles du comportement organisé par deuxiemeavis.fr, nous explique comment traiter ces troubles. 

Pauline d’Orgeval, Co-fondatrice & Présidente de deuxiemeavis.fr : “Quand ils  sont là [les troubles du comportement], est-ce qu'on peut les traiter et comment les traiter, notamment dans des situations extrêmes ?”

Pr Eric Willaye, Docteur en Psychologie : “ L'enfant est en train de tout détruire. L’enfant est en train de frapper son petit frère. Qu'est-ce que je dois faire à ce moment-là ? 

La première chose c’est que ce que l'on fait à ce moment-là n’est certainement pas ce qui fera que le comportement ne réapparaîtra pas. Ce que l'on va faire à ce moment-là, c'est “sauver les meubles”. Il n'y a aucune gêne à évoquer le fait que l'on sauve les meubles quand on est dans cette situation-là. Qu'on soit professionnel ou parent, on fait parfois ce qu'on peut. Je pense que ce qui est important, évidemment, c'est facile pour moi de le dire dans un entretien comme celui-là, c'est garder son calme. Crier, être agité, augmente la pression. Qu'il y ait de plus en plus de personnes qui viennent gérer la situation, ce n'est pas la meilleure chose du monde. Plus il y a des gens pour gérer, moins c'est bon. Si on est un ou deux pour gérer une situation, c’est la meilleure chose à faire. Essayer de garder son calme, diminuer la pression. 

Parfois, il est question de devoir contenir la personne. [...] Il faut veiller à ne pas prendre trop de risques. Quand on engendre par sa réaction une lésion, qu'on a un mauvais coup, on est parfois K.O. et on n'est plus en capacité de réagir. Ce n'est pas nécessairement la meilleure solution du monde. Mais parfois, je sais qu’on est amené à faire ça.

Et donc, au-delà de ça, je pense qu'il est important peut-être de discuter avec des professionnels ou avec d'autres familles sur des modalités qui peuvent être mises en place. Mieux on peut prévoir ce que l'on va faire quand ça se passe plus on est à l'aise pour pouvoir le faire. Alors quand il y a une crise qu'on n'a jamais vue, on va réagir de la façon la plus spontanée que l'on peut. Mais si les crises reviennent, à ce moment-là, c'est peut-être important de définir une forme de protocole. C'est en tout cas ce que nous suggérons dans les établissements, mais je trouve que c'est applicable aux familles aussi. C'est-à-dire, qu'est-ce qu'on décide de faire quand il fait ça ? 

Une fois qu'on a un petit protocole dans la tête, on est beaucoup plus à l'aise pour réagir de manière cohérente. Je pense que ce qui fait aussi parfois le fait que des crises reviennent, c'est parfois l'incohérence. [...]. Quand un comportement est suivi de renforcements intermittents, il aura plus de chances d'être durable. Il faut qu'on se mette d'accord [...], entre différents intervenants, sur une façon de faire. Cette cohérence rend les choses plus claires pour la personne. Ce qui fait souvent que la pression augmente, c'est qu'on est très déstabilisé par la situation. Quand on est sécurisé par un ensemble de choses que l'on va faire dans un certain ordre, on se sent soi-même plus sécurisé et [...] on sécurise plus autrui. 

Alors s'il y avait la solution miracle, vous dire : “Voilà, faites ceci, faites cela,” on serait peut-être moins nombreux ce soir. Il n’existe pas de solution miracle. On n'a pas encore évoqué la question de la médication. C'est parfois ce que l'on préconise dans des situations d'urgence. Il y a ce qu'on appelle la médication pro re nata, celle qu'on donne au besoin. Il faut la prendre avec beaucoup de prudence parce que malheureusement, cette médication qu'on donne au besoin, on la donne quasi tout le temps quand il y a beaucoup de crises. Et ce n'est plus une médication au besoin, ça devient la médication permanente, dont l'effet n'est pas toujours aussi satisfaisant que celui qu'on souhaiterait obtenir. Et aussi, il faut quand même mettre en évidence les problématiques d'effets secondaires et d'effets à long terme, qui sont des effets plutôt nuisibles à la santé des gens. Et donc, on ne peut pas non plus concevoir ça comme étant la solution à ces troubles du comportement. D'autant qu'on sait que la solution n'est pas là. Quand quelqu'un ne sait pas comment demander à boire, ce n’est pas en lui donnant des médicaments qu'il apprendra à mieux demander à boire. [...].”

Pour plus d’informations sur le handicap et les troubles du comportement, retrouvez le webinaire complet ici. Le  Pr Eric Willaye est référencé sur deuxiemeavis.fr.

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