Les troubles du comportement: peut-on prévenir leur venue ?

Le Dr Djéa Saravane et le  Pr Eric Willaye, invités à intervenir dans un webinaire consacré au handicap et aux troubles du comportement organisé par deuxiemeavis.fr, nous expliquent comment prévenir la venue de ces troubles. 

Pauline d’Orgeval, Co-fondatrice & Présidente de deuxiemeavis.fr : “Peut-on prévenir la venue de ces troubles du comportement ? Et si oui, comment ?

Dr Djéa Saravane, médecin polyvalent : “[...] Il faut tenir compte de la personne en question et de l’environnement où il se situe.

Tout ce qui est médical, on essaye de mettre en place, même s’ils n’ont rien, un bilan à l’instant T 0, un bilan clinique, un bilan biologique, pour voir, et puis un suivi régulier. 

Quand on parle de la prévention, moi, je reprends la prévention de la santé. [...]. Donc pour ça, je pense qu'il faut une formation en matière de prévention, en matière de repérage. Et puis, il faut mettre à la disposition de ces professionnels des supports d'informations, développer des partenariats pour la promotion de santé, avec des dispositifs qui existent déjà sur le territoire. [...]. On insiste beaucoup. C'est pour éviter que ces comorbidités organiques associées au handicap, essentiellement dans les TSA, troubles du spectre de l'autisme, et les troubles de déficience intellectuelle, c'est pour éviter que ces maladies, puisque la plupart du temps maintenant malheureusement, ces maladies sont passées à la chronicité, et nous, on veut le prendre en charge en amont pour vraiment traiter ces comorbidités organiques, et ne pas laisser évoluer. C’est pour ça qu’on dit : “Faites régulièrement un bilan, évaluer systématiquement la douleur, et puis un point c’est tout.” Je pense que ça doit passer aussi par la formation de tout le personnel. Quand je dis tout le personnel, que ça soit le personnel soignant et non soignant également. Ils le demandent d'ailleurs.”

Pr Eric Willaye, Docteur en Psychologie : “Effectivement, je crois qu'une des dimensions préventives, c'est la formation, la formation des parents très précocement pour expliquer qui est cet enfant au travers des problèmes qu'il rencontre pour s'adapter à son environnement. 

Et une des choses évidemment qu'il faudra évoquer, en parlant des personnes dyscommunicantes, c'est la question de la communication. Il est nécessaire de pouvoir mettre en place des outils de communication alternatifs. Et malheureusement, peu de personnes en disposent. Et donc il y a vraiment un effort essentiel de pouvoir disposer très précocement, d'installer auprès de ses enfants des outils de communication. Alors certains parleront, d'autres ne parleront pas, mais en tout cas, ils auront un outil de communication pour agir sur leur environnement. C’est un outil préventif des troubles du comportement. Comment voulez-vous agir sur votre environnement si vous n'avez pas d'outils de communication et si on ne vous a jamais appris autrement à faire les choses ? 

Plus on apprend de compétences, plus on est compétent pour se débrouiller, et moins on a recours à ces troubles du comportement. Ces comportements-problèmes font partie d'une valise de compétences. Ils vont chercher dans cette valise de compétences les moyens d'agir sur leur environnement. Plus on mettra d'autres moyens dans cette valise de compétences, plus ils auront de chances d'aller chercher des compétences appropriées pour agir sur leur environnement, que ce soit des compétences sociales, des compétences d'autonomie, des compétences aux loisirs [...].

En même temps que cela, bien savoir ce qu'est le problème de l'enfant, bien savoir ce qu'est le problème de l'adolescent. Très souvent, on parle d'autisme, on parle de déficience intellectuelle. Mais qu'est-ce qu'il y a derrière l’autisme ? Qu'est-ce que c'est que l’autisme ? Comment vit une personne qui a de l'autisme? Comment est-ce qu'elle appréhende son environnement ? Tout ça, c'est fort important [...] pour pouvoir offrir un environnement qui s'adapte aussi à la personne. 

Le problème, c'est avoir ce mythe que les personnes vont s'adapter à n'importe quel environnement. Je sais qu'avec les personnes qui ont de l'autisme, par exemple, il faudra sans doute être plus clair sur le déroulement de la journée, sur le déroulement des évènements, parce qu'effectivement, si on n’éclaircit pas ça, ça engendre beaucoup d'anxiété en raison de fonctions exécutives qui sont déficitaires. Si on ne connaît pas la problématique des fonctions exécutives, on ne comprend pas pourquoi on doit donner un schéma journalier visualisé pour permettre à chacun de s'adapter à ces événements qui changent dans la journée, à cette journée dont on ne connaît pas le déroulement. Et je crois que tout un chacun d'entre nous, si on n'avait pas ces repères du temps, on serait très anxieux et probablement qu'on présenterait aussi des problèmes de comportement. C'est vraiment cette préoccupation pour connaître la problématique. Alors, on évoque les parents, évidemment qu'il faut évoquer la formation des professionnels. Je crois qu'encore à l'heure actuelle, il y a encore beaucoup de travail dans ce domaine. [...].” 

Pour plus d’informations sur le handicap et les troubles du comportement, retrouvez le webinaire complet ici. Le Dr Djéa Saravane et le  Pr Eric Willaye sont référencés sur deuxiemeavis.fr.

Vous pouvez faire une demande d’avis sur votre diagnostic sur
https://www.deuxiemeavis.fr/pathologie/troubles-du-comportement-chez-la-personne-dyscommunicante