Qu'est-ce que l'infertilité féminine inexpliquée ?
Pour un quart des personnes rencontrant des difficultés à concevoir un enfant, les causes de l’infertilité restent inexpliquées. Comment traiter une infertilité dont on ne connaît pas la cause et aboutir à une grossesse tant espérée ? Existe-t-il des solutions pour améliorer les chances de diagnostic et décrypter les mécanismes principaux de l’infertilité inexpliquée ?
Comment savoir si une femme est fertile ou non ?
Définition et pourcentages en France
On parle d’infertilité quand un couple ne parvient pas à obtenir une grossesse après 12 mois de rapports sexuels réguliers et complets. 3,3 millions de Français, soit 1 couple sur 8, seraient concernés par des problèmes de fertilité et consulteraient pour des difficultés à concevoir un enfant, selon l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
Examen gynécologique et bilan hormonal pour diagnostiquer l'infertilité
Quand un couple consulte parce qu’il ne parvient pas à obtenir une grossesse viable, plusieurs examens peuvent être réalisés. Pour les femmes, les examens de première intention sont : le bilan hormonal, l’échographie de l’utérus et des ovaires et l’hystérosalpingographie (qui évalue la perméabilité des trompes).
Quelles sont les principales causes de l'infertilité chez la femme ?
Chez la femme, l'origine de l’infertilité est souvent attribuée à :
- Des anomalies de l’ovulation : le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est la première cause d’infertilité chez les jeunes femmes. Le dérèglement hormonal et l’excès de testostérone du SOPK entraînent des troubles de l’ovulation pouvant mener à une infertilité. L’insuffisance ovarienne est quant à elle la première cause d’infertilité chez les femmes de plus de 35 ans. Elle provoque une altération de la qualité ovocytaire. Parmi les anomalies de l’ovulation, on peut également citer l’insuffisance ovarienne prématurée, à l’origine de ménopauses précoces.
- Une obstruction des organes gynécologiques : la sténose tubaire bilatérale qui affecte les trompes de Fallope et bloque le passage des spermatozoïdes, les anomalies du col de l'utérus ou de l'utérus (polypes et fibromes utérins, malformation utérine ou absence d’utérus).
- Une endométriose : du tissu de la muqueuse utérine (endomètre) se greffe sur d’autres organes gynécologiques (ovaires, vagin, trompes), digestifs ou urinaires, provoquant ainsi des troubles de la fertilité. 10 % des femmes sont concernées par l’endométriose.
- Des altérations de la production d’hormones au niveau de l’hypophyse (petite glande située sous le cerveau qui contrôle les ovaires) peuvent entrainer l’absence d’ovulation.
- Des traitements, notamment la chimiothérapie. Des solutions existent pour préserver sa fertilité avant un traitement anticancéreux.
- L’âge : comme pour les hommes, la fertilité féminine baisse avec l'âge, notamment après 35 ans. Après 40 ans, la moitié des femmes rencontrent des troubles de la fertilité.
- Des facteurs environnementaux comme le tabagisme, l’exposition aux pesticides, aux métaux lourds ou au perturbateurs endocriniens. Ils affectent autant la fertilité des hommes et des femmes,
- Des facteurs psychiques comme le stress.
- Le surpoids et l’obésité : le risque d’infertilité des femmes après un an d’essai augmente de 27 % en cas de surpoids et de 78 % en cas d’obésité. Le surpoids et l'obésité influent également sur la fertilité des hommes.
L’infertilité féminine idiopathique ou inexpliquée
Pour 20 à 30 % des couples, l’infertilité reste idiopathique, c’est-à-dire inexpliquée, malgré les examens réalisés. Pour les femmes, on parle d’infertilité inexpliquée quand les examens de première intention reviennent normaux et qu’aucune anomalie de l’utérus, des ovaires et des trompes n’est relevée.
Pour aboutir à une grossesse, le processus implantatoire, c’est-à-dire le moment où l’embryon s’implante dans l’endomètre (entre J20 et J24 pour une patiente ayant des cycles réguliers de 28 jours), est l’étape la plus cruciale. C’est aussi l’étape qui reste la plus souvent inexpliquée quand il s’agit de comprendre les origines d'une infertilité, de fausses couches répétées et de prééclampsie.
Les échecs d’implantation sont majoritairement dus à une mauvaise qualité des ovocytes ou de l’embryon, à une mauvaise réceptivité utérine ou à un dysfonctionnement du dialogue materno-fœtal. L’absence de contrôle médical sur l’implantation est le principal obstacle à la réussite de nombreuses grossesses. La recherche actuelle s’attache à résoudre les mystères moléculaires de ce processus complexe pour trouver de nouvelles voies diagnostiques et thérapeutiques pour le phénomène de l’infertilité féminine inexpliquée.
Comment traiter l'infertilité inexpliquée chez la femme ?
Avant toute chose, en cas d'infertilité, des conseils d'amélioration du mode de vie sont prodigués, comme l’arrêt du tabac et des drogues, l’adoption d’une alimentation saine, la perte ou la prise de poids, la pratique d’une activité physique régulière, la fréquence des rapports sexuels (un jour sur deux à trois).
Le traitement de l’infertilité féminine inexpliquée peut débuter (selon l’âge de la patiente et le délai d’infertilité) par des traitements hormonaux à faibles doses par voie orale ou par injections sous-cutanées visant à provoquer une stimulation ovarienne. Une échographie est alors réalisée pour établir la période d’ovulation dans le cycle menstruel et programmer les dates de rapports sexuels réguliers ou d’insémination intra-utérine.
Une insémination artificielle ou une fécondation in vitro (FIV) classique avec prélèvement d'ovocytes, peuvent être proposées d’emblée ou en seconde intention, selon l’âge et la durée d’infertilité des patients.
En cas d’obstruction d’un organe gynécologique, il est possible d'avoir recours à la chirurgie pour dégager les voies et permettre l’obtention d’une grossesse.
Comment améliorer le diagnostic et le traitement des infertilités inexpliquées ?
Selon le ministère de la Santé et de la Prévention, les chiffres de l’infertilité inexpliquée sont anormalement hauts et devraient baisser à 10 % « après une exploration adéquate du couple ». Dans son rapport sur les causes d’infertilité de 2022, le ministère pointe un frein important à l’amélioration du diagnostic et du traitement des infertilités inexpliquées en France : la lourdeur et la complexité d’obtention des autorisations d’inscription des nouvelles explorations ou techniques innovantes d’aide médicale à la procréation (AMP).
Plusieurs technologies innovantes mériteraient d’être développées pour dépister et lutter contre l’infertilité, mais aussi pour préserver la fertilité face au vieillissement ovarien, comme l’étude du microbiote vaginal et endométrial, la technique d’activation de l’ovocyte en FIV, la culture embryonnaire sur cellules endométriales autologues maternelles ou l’exploration de la réceptivité endométriale avant le replacement embryonnaire.
Ces examens ne sont à ce jour pas ou peu prescrits car ils ne bénéficient pas des autorisations nécessaires pour être remboursés par la Sécurité sociale. Le ministère de la Santé et de la Prévention recommande une plus grande flexibilité qui permettrait de réaliser ces actes innovants à grande échelle.
L’obtention d’une grossesse en cas d’infertilité féminine inexpliquée passe par l’exploration ciblée des causes de l’infertilité et par des soins personnalisés. Pour confirmer votre diagnostic et avoir accès au traitement le plus adapté, n’hésitez pas à prendre un deuxième avis auprès de médecins spécialistes.
Sources :
- Ministère de la Santé et de la Prévention, Rapport sur les causes d’infertilité : vers une stratégie nationale de lutte contre l’infertilité, 2022 : https://sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_sur_les_causes_d_infertilite.pdf
- Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), Infertilité : des difficultés à concevoir d’origines multiples, 2019 : https://www.inserm.fr/dossier/infertilite/
- Assurance maladie, Le traitement de l’infertilité, 2021 : https://www.ameli.fr/paris/assure/sante/themes/sterilite-pma-infertilite/prise-charge-infertilite
- Sophie Perrier d’Hauterive et al., L’infertilité inexpliquée : apports de la recherche fondamentale, La Lettre du gynécologue, 2004 : http://cpma-ulg.be/wp-content/uploads/2015/05/L_infertilite_inexpliquee_apports_de_la_recherche_fondamentale.pdf
- Fondation pour la recherche médicale, Infertilité : une prise en charge aujourd’hui établie : https://www.frm.org/recherches-autres-maladies/infertilite/focus-infertilite
- WiStim, L’infertilité inexpliquée, 2018 : https://wistim.com/blog-temoignage-pma-fiv/infertilite-inexpliquee.html
- Deuxiemeavis.fr, infertilité féminine inexpliquée, 2023 : https://www.deuxiemeavis.fr/pathologie/infertilite-feminine-inexpliquee
Publication le 27/10/2023 par Marion Berthon relu par Noemi Amsellem
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