Sclérose en plaques : retour sur le webinaire “Évolution et avenir de la prise en charge thérapeutique”
La sclérose en plaques (SEP) est une pathologie chronique inflammatoire qui touche notre système nerveux central. En France, plus de 110 000 personnes sont touchées par la sclérose en plaques. La majorité d’entre elles sont des femmes.
Durant ce webinaire, deux médecins experts de la sclérose en plaques, Professeur David-Axel Laplaud et Professeur Pierre Labauge ont répondu aux questions de Pauline d’Orgeval, Présidente et co-fondatrice de deuxiemeavis.fr.
Le Professeur David-Axel Laplaud est spécialisé dans la prise en charge de la sclérose en plaques au CHU de Nantes. Il est également chef du service de neurologie et responsable du centre de compétences de la sclérose en plaques du CHU de Nantes.
Le Professeur Pierre Labauge est directeur du Centre Expert de la SEP au CHU de Montpellier. Il exerce également une activité de recherche clinique, thérapeutique et immunologique, notamment sur les caractérisations des formes atypiques de SEP et nouvelles maladies inflammatoires neurologiques centrales.
Quels sont les symptômes de la sclérose en plaques ?
Pr Laplaud [1:55] : Pour bien comprendre quels sont les symptômes, il faut comprendre ce qu’est cette maladie.
LA SEP est une maladie qui touche l’ensemble du système nerveux central, et ce de façon exclusive. Le système nerveux central correspond à la moelle épinière, au cerveau et aux nerfs optiques. Les lésions vont se trouver à cet endroit-là. Donc en fonction de la localisation des lésions, les signes que vont présenter les patients peuvent être tout à fait différents.
Les lésions situées au niveau du nerf optique donnent des problèmes visuels. Alors que les lésions situées au niveau de la moelle épinière vont donner des problèmes moteurs ou sensitifs, ou encore des problèmes d’équilibre.
Les symptômes les plus fréquents sont des signes qui sont sensitifs et des problèmes visuels.
Comment diagnostiquer une sclérose en plaques ? Quelles sont les étapes de ce diagnostic ?
Pr Labauge [3:42] : Les critères de diagnostic sont des critères internationaux qui sont revus en moyenne tous les cinq ans par un panel de neuro-radiologues, de neurologues francophones et anglo-saxons et de tous les pays. Ces critères de diagnostic sont appelés McDonald 2017 car ils ont été revus en 2017.
Il y a deux étapes simples :
- Avoir fait un symptôme clinique, qu’on appelle la poussée, c'est-à-dire un symptôme de focalisation qui dure en général un mois. Un symptôme de focalisation correspond à des fourmillements d’une main, fourmillements d’une jambe, une gêne à la marche et des troubles urinaires.
- L’IRM avec la mise en évidence d’hypersignaux. L’analyse de la lecture de cette IRM va être extrêmement importante car il y a des descriptions morphologiques des hypersignaux que l’on trouve. Il faut au moins qu’il y ait deux lésions. Cette mise en évidence de deux lésions est appelée la dispersion spatiale, c’est-à-dire que dans l’espace neurologique (qui va du nerf optique, du cerveau à la moelle épinière) il y a déjà deux sites anatomiques atteints.
Quels sont les mécanismes de la maladie ?
Pr Laplaud [6:18] : Les mécanismes sont des mécanismes inflammatoires, c’est-à-dire qu’il y a une inflammation au sein du système nerveux central. Une inflammation signifie que le système immunitaire se retourne contre le patient. On parle donc de maladie auto-immune car le système immunitaire va se retourner contre le cerveau, contre la moelle épinière et va créer ces lésions que l’on voit sur l’IRM.
Les mécanismes qui conduisent à cette maladie sont extrêmement complexes : grosso modo, ce sont des cellules immunitaires qui passent à l’intérieur du cerveau et qui vont ensuite abîmer le cerveau et créer des inflammations. Ces inflammations, si elles sont importantes, vont entraîner des poussées et à la fin vont entraîner un handicap résiduel.
Comment traiter la sclérose en plaques ? Peut-on “prévenir” les poussées ?
Pr Labauge [7:56] : Il y a deux catégories de traitements :
- Le traitement de la poussée, qui repose sur des fortes doses de cortisone dont l’objectif est de diminuer la durée de la poussée.
- Une fois que la maladie est diagnostiquée, on entre dans la stratégie thérapeutique avec des traitements préventifs : prévention de nouvelles poussées, d’une progression du handicap et donc de la gêne à la marche, mais également de l’apparition de nouvelles lésions.
Il va y avoir différentes classes de traitements :
- les traitements immunomodulateurs, qui modulent le système immunitaire
- les traitements immunosuppresseurs, qui diminuent le système immunitaire
- des traitements de nouvelle génération, qui ont des actions sélectives
Les facteurs environnementaux et les vaccins jouent-ils un rôle dans la sclérose en plaques ?
Pr Laplaud [10:49] : La SEP est liée à un ensemble de facteurs. Il y a des facteurs génétiques et des facteurs environnementaux.
Qu’est-ce qui est environnemental ? Tout ce que l’on va rencontrer, par exemple des aliments, des virus, des vaccins, des carences en vitamines…
Les facteurs environnementaux qui sont connus pour être associés (ils ne provoquent pas la maladie) à la sclérose en plaques sont :
- l’EBV : c’est le facteur le plus puissant. C’est un virus qui touche 95% de la population générale, mais qui touche 100% ou quasiment 100% des personnes atteintes de la SEP;
- la carence en vitamine D : cela augmente le risque de développer une SEP
- le fait de fumer
- l’obésité dans l’enfance.
Pour ce qui est des vaccins, il y a beaucoup d’articles dans la presse grand public qui laissent planer le doute sur un éventuel lien avec la SEP. Beaucoup d’études ont été faites par des personnes indépendantes des laboratoires. Elles ont très clairement montré, sur le plan épidémiologique, en se basant sur des dizaines et des dizaines de milliers de cas, qu’on ne retrouvait pas d’augmentation du risque de développer une sclérose en plaques après la réalisation de vaccins (notamment l’hépatite B et l’HPV).
Comment est organisée la recherche autour de la sclérose en plaques ? Y a-t-il, avec les progrès de la recherche, l’espoir d’une guérison ? Si oui, à quelle échéance ?
Pr Labauge [18:00] : La recherche sur cette maladie est multiple. D’abord, il y a la recherche in vitro, la recherche immunitaire pour comprendre les mécanismes de la maladie et l’activation inflammatoire. Ensuite, il y a la recherche sur des modèles animaux pour reproduire des maladies inflammatoires, ou pour tester des médicaments sur l’animal.
Pour les traitements, on va passer sur de la recherche thérapeutique.
Il y a d’autres voies de recherches : des recherches sur l’imagerie (IRM, PET-IRM…), les recherches épidémiologiques.
La recherche est internationale car il faut beaucoup de moyens et parce que les laboratoires sont internationaux.
Pour la guérison des maladies auto-immunes, c’est plus compliqué. Le pronostic est amélioré, c’est indiscutable depuis 40 ans, mais aujourd’hui parler de guérison dans les maladies auto-immunes de l’adulte,ce n’est pas d’actualité et il y a encore une marche d’escalier.
Retrouvez l’intégralité du webinar en vidéo ici :
Publication le 08/08/2022 par Hortense Fisset
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