SOPK et fatigue : comprendre et agir
Souvent associé à des problèmes de fertilité et à des cycles menstruels irréguliers, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) peut également avoir un impact significatif sur l’état de fatigue et le bien-être général des femmes qui en sont atteintes. En comprenant les causes sous-jacentes et en adoptant une approche holistique combinant des changements de mode de vie, une gestion du stress et, si nécessaire, un traitement médicamenteux, il est possible d’améliorer considérablement les niveaux d’énergie et la qualité de vie en général.
Quelles sont les causes de la fatigue liées au sopk ?
Obésité et résistance à l’insuline
L’obésité est fréquemment associée au SOPK. On estime que 30 à 40 % des patientes avec SOPK ont un poids normal et que 35 à 50 % sont réellement obèses (IMC > 30). La résistance à l’insuline, souvent présente dans le SOPK, peut induire des fluctuations du taux de sucre dans le sang, entraînant des pics d’énergie suivis de baisses importantes, contribuant ainsi à la sensation de fatigue.
Dépression et anxiété
Les déséquilibres hormonaux caractéristiques du SOPK peuvent affecter l’humeur et augmenter le risque de dépression et d’anxiété. Une étude taïwanaise, publiée dans Annals of internal medicine en février 2024, menée sur 20 000 femmes, montre que le nombre de tentatives de suicide est 8 fois supérieur chez les patientes atteintes du sopk que chez celles non concernées par la maladie. Certains symptômes, comme l’hirsutisme, l’acné sévère ou l’infertilité peuvent être source d’anxiété et impacter significativement le bien-être et l’état de fatigue.
Les troubles menstruels
Les règles abondantes et prolongées (Ménorragies) sont fréquentes chez les femmes atteintes de SOPK, ce qui peut entraîner une anémie par manque de fer, contribuant alors à une fatigue chronique.
Troubles du sommeil
Une étude publiée en 2018 a révélé une prédominance significative du syndrome d’apnée hypopnée obstructive du sommeil (SAHOS) chez les femmes atteintes du SOPK, avec un lien particulier à l’obésité androïde (répartition masculine de la masse graisseuse, notamment au niveau du ventre). L’apnée du sommeil va avoir pour principale conséquence une grande fatigue au réveil et de la somnolence tout au long de la journée.
Déséquilibres hormonaux
Les fluctuations hormonales caractéristiques du SOPK, notamment les taux élevés d’androgènes et les déséquilibres de la progestérone et des œstrogènes, peuvent affecter directement les niveaux d’énergie et contribuer à la fatigue chronique.
Inflammation chronique
Le SOPK est associé à une inflammation dite de bas grade (chronique et parfois silencieuse). En effet, de nombreux mécanismes en lien avec le SOPK sont causés ou aggravés par la réponse inflammatoire : résistance à l’insuline, production excessive d’androgènes et prise de poids incontrôlée notamment. Outre des maux de tête récurrents, des douleurs digestives, des douleurs articulaires, de l’acné inflammatoire, les symptômes liés à cette inflammation peuvent aussi se manifester par une fatigue qui perdure malgré le repos.
Comment faire pour réduire la fatigue excessive liée au syndrome des ovaires polykystiques ?
Instaurer un rituel pour mieux dormir
Établir une routine de sommeil peut vous aider à faciliter l’endormissement et à passer une bonne nuit. Dormez entre 7 à 9 heures, selon vos besoins, dans un environnement frais, sombre et calme. Limitez l’exposition aux écrans avant le coucher et envisagez des techniques de relaxation comme la méditation ou la lecture pour favoriser un sommeil réparateur.
Favoriser une alimentation visant à réduire l’inflammation et faciliter la perte du poids
Adopter un régime alimentaire équilibré, riche en protéines maigres, en fibres et en graisses saines, peut favoriser la perte de poids si nécessaire, mais peut également aider à stabiliser la glycémie et à réduire la résistance à l’insuline. Privilégiez les aliments à faible indice glycémique et évitez ceux qui sont transformés et les sucres raffinés.
Réduire la consommation d’aliments pro-inflammatoires
- Céréales et farines raffinées ;
- Plats préparés et fast-food ;
- Sucreries et desserts ;
- Huiles végétales ultra-transformées ;
- Excitants (café, thé, chocolat, alcool) ;
- Viande rouge et charcuterie ;
Privilégier des aliments aux vertus anti-inflammatoires
- Les fruits (framboises, myrtilles, fraises, groseille, etc.) et les légumes (brocoli, chou-fleur, chou, etc.) riches en fibres et en antioxydants ;
- Les poissons gras (maquereau, les sardines, le saumon, etc.) ;
- Les légumineuses (les haricots et les pois secs ou les lentilles) ;
- Les céréales complètes, etc.
Adopter un régime riche en oméga-3
- Consommer des petits poissons gras 2 fois par semaine (maquereau, sardine, anchois, morue).
- Utiliser quotidiennement des huiles végétales bio riches en oméga-3 (lin, chanvre, cameline, noix, colza).
Cette approche nutritionnelle vise à réduire l’inflammation et à améliorer l’équilibre hormonal, deux facteurs clés dans la gestion du SOPK.
Avoir une activité physique régulière
L’activité physique régulière est essentielle pour améliorer la sensibilité à l’insuline, limiter l’inflammation et augmenter les niveaux d’énergie. Visez au moins 150 minutes d’exercice modéré par semaine, avec un sport dit cardiovasculaire et du renforcement musculaire. L’exercice régulier peut réduire les symptômes du SOPK, y compris la fatigue.
Traiter l’anémie
Pour les femmes souffrant de règles abondantes, un complément en fer peut être nécessaire pour prévenir l’anémie et réduire la fatigue. Consultez votre médecin pour évaluer votre taux de fer et déterminer si une supplémentation est appropriée.
Gérer les troubles du sommeil
Si vous soupçonnez une apnée du sommeil, consultez un spécialiste du sommeil. Selon les répercussions, vous pouvez être amené à utiliser un appareil de pression positive continue (CPAP). Ce dispositif peut considérablement améliorer la qualité du sommeil et réduire la fatigue diurne.
Prendre en charge les symptômes
Il n’y a pas de traitement à ce jour pour guérir du SOPK. Vous pouvez cependant discuter avec votre médecin des différentes options thérapeutiques permettant d’atténuer les symptômes, qui, comme nous l’avons vu, ont un impact sur la fatigabilité des patientes.
Envisager un traitement médicamenteux
Dans les cas d’hirsutisme sévère, le médecin peut proposer des œstroprogestatifs ou de la spironolactone dans un premier temps puis, en cas d’échec, de l’acétate de cyprotérone combiné à un œstrogène, également efficace contre l’acné.Des traitements comme la metformine pour diminuer la résistance à l’insuline ou des contraceptifs oraux pour réguler les cycles menstruels peuvent être prescrits selon les besoins individuels.
Opter pour un traitement naturel
Certaines plantes peuvent aider à réguler les hormones et à améliorer les cycles menstruels comme le fenugrec et le gattilier. Les phytoestrogènes, présents dans la réglisse et le soja par exemple, peuvent également contribuer à un équilibre hormonal. D’autres peuvent réduire l’inflammation comme la curcumine, un composé actif du curcuma.
Il est important de souligner que chaque femme atteinte de SOPK est unique, et ce qui fonctionne pour l’une peut ne pas être aussi efficace pour une autre. Traitement naturel ou médicamenteux, n’hésitez pas à consulter votre médecin pour discuter des options de traitement et élaborer un plan de gestion adapté à votre situation personnelle. Un avis complémentaire peut vous être utile afin de bien comprendre les thérapeutiques proposées et faire un choix éclairé.
Sources :
- Mémoire — Université de Lausanne Les Ovaires polykystiques, quand le corps et l’esprit s’influencent : état des lieux
- Science Direct Les troubles du sommeil au cours du syndrome des ovaires polykystiques
- Fédération française des Diabétiques Les liens entre le diabète et le sommeil
- Sciences et Avenir SOPK : les femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques auraient 8 fois plus de risque de suicide
- Académie Nationale de Médecine Obésité et syndrome des ovaires polymicrokystiques : impact sur la reproduction
- National Library of MedicineDiagnostic et prise en charge du syndrome des ovaires polykystiquesEfficacité des acides gras oméga-3 dans le traitement du syndrome des ovaires polykystiques : revue systématique et méta-analyse
- MDPI (Multidisciplinary Digital Publishing Institute) Modulation de la réponse inflammatoire dans le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) — À la recherche de facteurs
Publication le 03/01/2025 par Lénaig Le Guen
Relu par Ombeline de Dieuleveult
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