Comprendre le syndrome des ovaires polykystiques
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est la maladie hormonale la plus fréquente chez la femme en âge de procréer. L’Organisation mondiale de la Santé estime que 8 à 13 % des femmes sont atteintes par ce trouble et 70 % des cas ne sont pas diagnostiqués. C’est un vrai problème de santé publique. Le SOPK se caractérise par un déséquilibre hormonal affectant les ovaires, entraînant divers symptômes et complications potentielles. Dans cet article, nous vous expliquons les symptômes de la maladie, les examens qui permettent d’établir le diagnostic ainsi que les options de traitement disponibles.
Qu’est-ce que le syndrome SOPK ? : comprendre la maladie
Le SOPK est lié à un dérèglement hormonal d’origine ovarienne et/ou central, c’est-à-dire au niveau du cerveau. Les hormones androgènes (masculines), habituellement produites en petite quantité dans l’organisme féminin, vont alors être sécrétées de façon excessive. On parle d’hyperandrogénie. Les ovaires contiennent, ce que l’on pensait être des kystes dans les années 30, de nombreux follicules qui n’arrivent pas à se développer et à libérer un ovule.
Quelles sont les causes du SOPK ?
Encore aujourd’hui l’origine de ce déséquilibre hormonal reste obscure ; il pourrait être à la fois ovarien et central, les deux étant intimement liés. En effet, le cerveau contrôle la sécrétion des hormones FSH et LH qui sont chargées de réguler le cycle ovarien. Dans le cas du SOPK, le système est perturbé : on observe une élévation du taux de lh, mais pas assez pour déclencher l’ovulation. Aussi, les ovaires sécrètent un taux d’hormones masculines (androgènes) d’où les signes de masculinisation que l’on peut retrouver. Les causes de ces dérèglements pourraient être d’origine génétique, environnementale (perturbateurs endocriniens) ou héréditaire (épigénétique). On sait aussi que l’obésité pourrait être un facteur favorisant.
Comment savoir si on a le SOPK ?
SOPK symptômes : reconnaître les signes
Les symptômes du SOPK se développent en général au moment de la puberté et ont tendance à s’aggraver au fil du temps. Toutes les femmes ne sont cependant pas touchées de la même façon et certaines peuvent n’avoir aucun symptôme ou ne découvrir leur maladie que tardivement. Les symptômes suivants sont cependant fréquemment associés au SOPK :
- Cycles menstruels irréguliers, plus longs que la normale (jusqu’à 40 jours) voire une absence totale de règles (aménorrhée) ce qui peut rendre difficile la grossesse et être à l’origine de l’infertilité pour 50 % des patientes.
- Signes de masculinisation ou virilisation : acné persistante, excès de pilosité sur des zones habituellement glabres (dépourvues de poils) notamment sur le visage, la poitrine ou le dos. Dans de rares cas, on observe une voix plus grave, une diminution de la taille de la poitrine, une chute des cheveux ou une calvitie.
- Prise de poids : un excès de poids, en particulier au niveau abdominal, en raison de l’insulinorésistance. En effet, la production excessive d’insuline participe à la prise de poids qu’il devient plus difficile de perdre.
- Diabète de type 2 (insulinodépendant)
On peut également observer chez certaines femmes une fatigue chronique, des troubles du sommeil, une dépression, de l’anxiété, des maux de tête et l’apparition de taches brunes sur la peau (acanthosis nigricans).
Comment diagnostiquer le Syndrome des Ovaires Polykystiques ?
Le diagnostic repose sur l’observation de signes cliniques, complétés par des examens complémentaires. Le médecin évaluera les antécédents familiaux et les symptômes, notamment les signes d’hyperandrogénie (hypersécrétion des androgènes) et les troubles du cycle menstruel. Il complétera le bilan par une analyse de sang pour confirmer le diagnostic et évaluer les risques de complication associés à moyen ou long terme :
- Analyses sanguines pour contrôler la production d’hormones : les dosages de la FSH et de la LH, de la prolactine, de la testostérone dans le sang peuvent être augmentés dans le cas d’un SOPK. Le bilan de sang peut être complété afin d’écarter une ménopause prématurée voire un syndrome de Cushing.
- Test de glycémie : pour vérifier s’il y a une résistance à l’insuline.
- Bilan lipidique : pour évaluer le risque de maladies cardiovasculaires, le sopk en étant un facteur de risque.
Une échographie pelvienne viendra compléter ce bilan pour confirmer la présence de kystes et écarter une tumeur sur l’ovaire ou la glande surrénale qui présenteraient des symptômes similaires.
Complications : grossesse, prise de poids, etc.
La dysovulation (rareté voire absence d’ovulation) liée au SOPK augmente le risque de cancer de l’endomètre (tissu qui tapisse l’intérieur de l’utérus). Une étude publiée sur ScienceDirect a été menée entre 2014 et 2016 ; elle met en évidence une prévalence du syndrome d’apnée du sommeil chez les patientes ayant un SOPK, en partie liée à une obésité androïde (répartition masculine de la graisse).
Les femmes enceintes souffrant de SOPK peuvent également présenter des grossesses à risque : d’accouchement prématuré, diabète gestationnel et prééclampsie (hypertension).
À long terme, l’hypertension artérielle est plus fréquente, pouvant mener à des problèmes cardiovasculaires graves comme l’infarctus du myocarde. Une prise en charge précoce est essentielle pour prévenir ces complications.
Le SOPK peut également être source d’anxiété, de dépression ou d’une dégradation de l’image corporelle. Certains symptômes tels que l’infertilité, l’obésité et l’hyperpilosité peuvent entraîner une stigmatisation sociale.
Est-ce que le SOPK se soigne ? Y a-t-il des traitements ?
Bien qu’il n’existe pas de traitement curatif pour le SOPK, plusieurs options peuvent aider à gérer les symptômes et à réduire les risques de complications :
Il est conseillé d’avoir un mode de vie sain et adapté. Une alimentation équilibrée et une activité physique régulière sont essentielles en cas de surpoids : une perte de 10 % du poids peut améliorer un SOPK notamment en ce qui concerne les signes d’hyperandrogénie, l’aménorrhée (absence de règles) et la fertilité. Elle peut également améliorer la sensibilité à l’insuline.
Les contraceptifs oraux (pilules œstroprogestatives) peuvent réguler les cycles menstruels et réduire les symptômes d’hyperandrogénie, tels que l’acné et l’hirsutisme. Un anti-androgène (acétate de cyprotérone) en association avec un œstrogène peut être proposé dans des cas d’hirsutisme sévères et résistants aux œstroprogestatifs.
Dans le cadre d’une prise en charge de l’infertilité, le médecin peut prescrire un médicament comme le citrate de clomifène ou la metformine aux femmes pour stimuler l’ovulation. Parmi les traitements contre l’infertilité liée au syndrome des ovaires polykystiques, une intervention chirurgicale, appelée drilling ovarien, peut également être pratiquée.
Médicaments antidiabétiques oraux : la metformine est aussi indiquée pour améliorer la sensibilité à l’insuline et aider à la gestion du poids.
Des scientifiques ont récemment mis en évidence que les follicules, dans le SOPK, sont insensibles à l’œstradiol (principal œstrogène sécrété par les ovaires), qui a normalement un rôle dans leur maturation et dans l’ovulation. Ils ne peuvent cependant pas encore l’expliquer, mais c’est peut-être une clé pour de nouvelles solutions thérapeutiques pour les patientes.
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est une affection complexe qui nécessite une attention particulière. Un deuxième avis médical peut vous aider à comprendre les symptômes liés aux troubles hormonaux et à envisager le traitement le plus adapté à votre situation.
Sources :
- INSERM Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) : Un trouble fréquent, première cause d’infertilité féminineSyndrome des ovaires polykystiques : un problème de sensibilité à l’œstradiol
- ScienceDirect : Les troubles du sommeil au cours du syndrome des ovaires polykystiques
- Deuxièmeavisfr : SOPK : quelle est son évolution au cours de la vie ?
- Organisation mondiale de la Santé : Syndrome des ovaires polykystiques
- MSDManuals : Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK)
- ATM (Annals of Translational Medicine) — Utilisation de la metformine chez les femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques
Publication le 29/11/2024 par Lénaig Le Guen
Relu par Ombeline de Dieuleveult
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