Profonde, superficielle et ovarienne : les 3 types d’endométriose
Une femme sur 10 en âge de procréer est concernée par l’endométriose. Pourtant, malgré sa prévalence, la diversité des symptômes, la localisation, la réponse au traitement ou l’impact sur la vie quotidienne et la fertilité varient d’une patiente à l’autre, à tel point qu’il existe presque autant de formes de la maladie que de femmes touchées. Auparavant classée en 4 stades, on identifie désormais 3 différents types d’endométriose : superficielle, profonde et ovarienne. Tour d’horizon de cette pathologie aux multiples visages.
Quels sont les différents types d’endométriose ?
L’endométriose superficielle : une atteinte du péritoine
L’atteinte superficielle ou péritonéale est la plus courante des différents types d’endométriose, représentant environ 70 % des cas. Elle se caractérise par la présence de lésions ou de plaques de tissu endométrial sur le péritoine, la fine membrane qui tapisse la cavité abdominale et pelvienne. Contrairement aux autres formes de la maladie, ces lésions ne pénètrent pas au cœur des organes, mais restent à la surface du péritoine, généralement avec une profondeur de moins de 5 mm.
Symptômes
Les symptômes de l’endométriose superficielle peuvent varier considérablement d’une personne à l’autre. Les plus courants incluent des douleurs pelviennes, en particulier pendant les menstruations, lors des rapports sexuels, et parfois des saignements anormaux. Cependant, il est important de noter que l’intensité de la douleur n’est pas nécessairement corrélée à la taille ou au nombre de lésions. Certaines femmes peuvent présenter des atteintes étendues et ne pas en souffrir ou très peu, tandis que d’autres avec des nodules plus petits peuvent éprouver des douleurs sévères.
Impact sur la qualité de vie
L’impact de l’endométriose superficielle sur la qualité de vie peut être significatif. Les douleurs chroniques et autres symptômes peuvent affecter le quotidien, les relations, l’activité professionnelle et la santé mentale des personnes atteintes. bUne prise en charge globale, incluant un soutien psychologique, est souvent nécessaire pour gérer efficacement les effets de la maladie sur tous les aspects de l’existence.
Diagnostic
Il est particulièrement délicat, en raison de la difficulté à repérer les lésions à l’échographie. S’adresser à un radiologue et à un gynécologue experts de cette pathologie peut alors être indispensable pour ne pas passer à côté du diagnostic. Une laparoscopie peut être nécessaire pour confirmer ce dernier.
Traitement
La prise en charge de l’endométriose superficielle varie selon les symptômes et les préférences individuelles. Elle comprend des médicaments pour la gestion de la douleur, tels que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), et les thérapies hormonales pour réduire ou éliminer les menstruations, permettant ainsi la disparition des symptômes. Dans certains cas, une intervention chirurgicale peut être envisagée pour retirer les lésions, bien que cette approche soit généralement réservée aux cas d’inefficacité des autres traitements ou lorsque l’endométriose est associée à des problèmes de fertilité.
L’endométriose ovarienne : le kyste de l’ovaire
Cette forme d’endométriose se caractérise par la formation de kystes dans les ovaires. Ceux-ci, distincts des kystes ovariens habituels, sont remplis de sang ancien et de tissu endométrial, leur donnant une couleur particulière de chocolat. Communément appelés endométriomes, ils varient en taille, allant de quelques millimètres à plusieurs centimètres, et peuvent affecter un ou les deux ovaires. 70 à 80 % des femmes souffrant d’endométriose ovarienne présentent aussi une atteinte profonde.
Implications pour la fertilité
Les endométriomes peuvent avoir un impact significatif sur la fertilité. Leur présence peut altérer la qualité des ovocytes, perturber l’ovulation et l’équilibre hormonal nécessaire à la fécondation. De plus, l’inflammation et la formation de tissu cicatriciel, associées aux kystes ovariens endométriosiques, peuvent gêner le parcours des ovules et des spermatozoïdes, accentuant davantage les difficultés de conception. Une approche spécialisée dans la prise en charge en cas de désir de grossesse peut alors s’avérer indispensable.
Options de traitement
Le traitement des endométriomes dépend de plusieurs facteurs, dont leur taille, les symptômes, l’âge de la patiente, et son désir de fertilité. Pour la gestion de la douleur et la réduction de la croissance des kystes, on recourt à des thérapies hormonales, comme les contraceptifs oraux pour supprimer les règles (mise en aménorrhée). Cela permet de stabiliser la maladie, mais aussi de préparer une intervention chirurgicale. Cependant, ces traitements ne résolvent pas le problème des kystes existants.
La chirurgie, en particulier la laparoscopie, peut être utilisée pour enlever les endométriomes, surtout s’ils sont grands ou causent des symptômes sévères. Elle peut améliorer les chances de conception, et être envisagée dans le cadre d’un parcours de procréation médicalement assistée (PMA).
Surveillance et suivi à long terme
La surveillance régulière est cruciale pour les patientes atteintes d’endométriose ovarienne, étant donné le risque de récidive des kystes et les implications potentielles sur la fertilité. Un suivi continu avec un spécialiste en fertilité est donc fortement recommandé pour les femmes souhaitant concevoir, afin d’élaborer un plan de traitement personnalisé prenant en compte à la fois la gestion de la maladie et les besoins en matière de reproduction.
L’endométriose profonde : des lésions sur d’autres organes
Aussi appelée endométriose sous-péritonéale, elle se caractérise par des lésions situées à plus de 5 mm de la surface du péritoine. Peuvent être touchés : les ovaires, le vagin, les ligaments utéro-sacrés (50 % des cas), l’intestin (20 à 25 %), le rectum, le côlon, la vessie (10 %) et les uretères (3 %). Vous entendrez également le terme d’endométriose « infiltrant » la vessie, le côlon…
Dans des cas plus rares, des organes encore plus éloignés de l’utérus peuvent être affectés. On parle alors plutôt d’atteinte extrapelvienne : pariétale, diaphragmatique, thoracique. Des lésions dans le cerveau ont même été retrouvées chez une patiente ! Cette variabilité de localisation des nodules fait probablement de la forme profonde la plus délicate à diagnostiquer et à traiter.
Symptômes spécifiques
Les symptômes de l’endométriose profonde peuvent varier considérablement, mais ils sont souvent plus sévères que ceux de la forme superficielle. Les plus fréquents incluent des douleurs pelviennes intenses, en particulier pendant les menstruations, ou lors des rapports sexuels, des douleurs intestinales ou urinaires, et dans certains cas, des saignements anormaux. La gravité des symptômes est en général liée à la localisation et à l’étendue des lésions, mais aussi à la manière dont elles interagissent avec les organes environnants, ce qui peut entraîner une douleur chronique et d’autres complications.
Défis de traitement
En raison de la nature invasive des lésions, le traitement est peut-être le plus complexe parmi les différents types d’endométriose. Les options de soin comprennent souvent une combinaison d’antidouleur, de thérapies hormonales pour contrôler la croissance des nodules, et dans certains cas, de chirurgie. Cette dernière peut être difficile à cause de la proximité des atteintes avec des organes vitaux et des structures nerveuses. Une approche multidisciplinaire, impliquant des gynécologues, des chirurgiens, des urologues et des gastro-entérologues, peut être nécessaire pour gérer efficacement les zones touchées et minimiser les risques.
Impact sur la vie quotidienne
Il peut être considérable, car la douleur chronique et les symptômes persistants peuvent affecter tout à la fois la sphère professionnelle, les relations personnelles, et la qualité de vie globale. Un soutien psychologique et une prise en charge de la souffrance sont souvent nécessaires pour aider les patients à gérer les répercussions de cette forme d’endométriose sur leur quotidien.
Quelle est la différence entre adénomyose et endométriose ?
Parfois appelée endométriose interne à l’utérus, cette affection s’ajoute à une endométriose chez 6 à 20 % des femmes. Contrairement aux différents types d’endométriose évoqués plus haut, l’adénomyose se caractérise par l’infiltration de cellules endométriales à l’intérieur du myomètre, le muscle de l’utérus. Cette différence de localisation amène des symptômes et des répercussions distincts. Ainsi, cette pathologie peut entraîner un élargissement et un épaississement de l’utérus, des menstruations douloureuses et abondantes, et dans certains cas, contribuer à l’infertilité. Notez qu’il est également possible d’avoir une adénomyose sans endométriose.
Impacts de l’adénomyose
La santé reproductive et la qualité de vie peuvent être fortement touchées. Les femmes concernées par l’adénomyose peuvent ainsi souffrir de sévères douleurs pelviennes, surtout pendant les menstruations, et des saignements anormalement abondants. Ces symptômes peuvent entraîner une fatigue chronique et une anémie, et nuire aux activités quotidiennes. En outre, cette pathologie peut affecter la fertilité, en altérant la fonction utérine et en compliquant la grossesse.
Diagnostic et traitement
Une échographie ou une IRM permettent d’observer un épaississement du myomètre et des changements dans la structure de l’utérus. Une fois le diagnostic établi, le traitement de l’adénomyose est généralement axé sur la gestion des symptômes et l’amélioration de la qualité de vie, en tenant compte des objectifs de fertilité de la patiente. Il peut alors inclure des médicaments pour réduire la douleur et le saignement, des thérapies hormonales pour contrôler leurs manifestations, et dans certains cas, une intervention chirurgicale.
Quelle prise en charge des différents types d’endométriose ?
Importance d’un diagnostic précis
Connaître les différents types d’endométriose, identifier la forme dont on est atteinte et évaluer l’étendue des lésions est essentiel pour proposer une prise en charge personnalisée et adaptée à chaque patiente. Maladie aux manifestations diverses, son diagnostic peut souvent être un défi. Erroné ou retardé, il peut entraîner la prescription de traitements inappropriés, prolonger la souffrance et éventuellement aggraver les symptômes.
Méthodes de diagnostic
Le processus de diagnostic de l’endométriose comprend généralement trois phases :
- une évaluation clinique, incluant un examen physique et l’étude des différents symptômes ;
- des techniques d’imagerie, comme l’échographie, l’IRM (imagerie par résonance magnétique) et parfois la TDM (tomodensitométrie), qui permettent d’identifier les lésions et leur localisation ;
- dans certains cas, une laparoscopie, pour confirmer le diagnostic et mesurer l’étendue de la maladie.
Gestion personnalisée de l’endométriose
La prise en charge s’effectue en fonction des différents types d’endométriose, de l’étendue des lésions, des symptômes, de l’âge, et des désirs de fertilité de la patiente. Elle peut être médicamenteuse, chirurgicale, ou reposée sur une combinaison des deux. Les médicaments visent généralement à gérer la douleur et à réduire ou supprimer les menstruations pour limiter la croissance des atteintes endométriales. La chirurgie est envisagée en cas d’inefficacité des médicaments ou lorsque la maladie affecte la fertilité.
Importance d’un suivi continu
Cette maladie étant souvent chronique et récidivante, un suivi médical régulier permet d’ajuster les traitements au fil du temps et de répondre aux changements dans les symptômes ou les objectifs de santé de la patiente. Une surveillance multidisciplinaire, impliquant des gynécologues, des spécialistes de la douleur, des psychologues, et parfois des experts en fertilité, assure une prise en charge globale et adaptée aux besoins de chaque femme.
S’adresser à des professionnels de santé experts des différents types d’endométriose est donc essentiel pour l’établissement d’un diagnostic fiable tout autant que pour la mise en place d’un traitement individualisé et d’un suivi régulier. Si vous êtes au début de votre parcours de soins, n’hésitez pas à vous adresser à un centre spécialisé dans l’endométriose. Demander un deuxième avis peut également vous permettre de lever les doutes et les interrogations que vous pourriez avoir.
Sources :
- Qu’est-ce que l’endométriose ? Association EndoFrance : https://www.endofrance.org/la-maladie-endometriose/qu-est-ce-que-l-endometriose/
- Endométriose, OMS, 2023 : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/endometriosis#:~:text=l'endom%C3%A9triose%20superficielle%2C%20localis%C3%A9e%20principalement,d'endom%C3%A9triose%20hors%20du%20bassin.
- Les types d’endométriose, Institut franco-européen multidisciplinaire d’endométriose, 2021 : https://www.institutendometriose.com/lendometriose/les-types-dendometriose/
- Endométriose, Une maladie gynécologique fréquente mais encore mal connue, Inserm, 2018 : https://www.inserm.fr/dossier/endometriose/
- Les différentes formes d’endométriose, Association Endomind : https://www.endomind.org/les-formes-endometriose
Publication le 26/07/2024 par Fanny Bernardon
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