Infertilité : quand consulter un spécialiste ?

Bien que vous mettiez tout en œuvre pour favoriser vos chances de grossesse, rien ne vient. Vous commencez à vous interroger sur la fertilité de votre couple.
Mais à partir de quel moment faut-il consulter un spécialiste ? Vers quel praticien s’orienter ?

Infertilité : l’importance de l’âge

L’âge a un impact sur la fertilité des femmes. En effet, la qualité et la quantité des ovules diminuent avec le temps, ce qui réduit les chances de concevoir naturellement. D’après une étude publiée en 2020 par la National Library of Medicine, la probabilité de tomber enceinte en 12 mois avant 30 ans est de 85 %. Ce chiffre tombe à 66 % à 35 ans et à 44 % à 40 ans.

Elise de la Rochebrochard, directrice de recherche à l’INED (Institut national d’étude démographique), a publié en 2001 une étude qui met en évidence le déclin de la fertilité masculine avec l’âge.

Pour l’homme, la fertilité est maximum à 30-34 ans, puis elle diminue lentement pour être deux fois plus faible à 55-59 ans. La fertilité des couples diminue donc avec l’âge de l’homme, même si cette diminution est moins importante et plus tardive que celle observée avec l’âge de la femme.
L’âge est donc un facteur important qui doit amener à consulter un spécialiste de l’infertilité. Une consultation est recommandée au bout de deux ans de relations sexuelles régulières et non protégées chez des adultes de moins de 30 ans, au bout d’un an entre 30 et 35 ans et au bout de six mois si la femme a plus de 35 ans. Ainsi, plus l’âge du couple — et notamment de la femme — est élevé, plus il faut consulter rapidement un spécialiste de l’infertilité. 

Toutefois, certains antécédents médicaux comme une IST (Infection sexuellement Transmissible) ou d’une opération sur les organes génitaux peuvent nécessiter une consultation dès le désir d’enfant.

D’autres éléments, en plus de l’âge, peuvent expliquer l’infertilité chez les hommes et chez les femmes. On note par exemple des anomalies au niveau des organes reproducteurs, des troubles hormonaux, des infections, des maladies chroniques, des facteurs génétiques ou environnementaux peuvent. Une orientation vers un praticien spécialisé sera alors indiquée pour effectuer un bilan adapté. 

Bilan de fertilité : comment faire un test ?

Il est recommandé de prendre rendez-vous avec un gynécologue et d’y être accompagnée de son conjoint. Le médecin commencera par interroger le couple sur leurs antécédents médicaux et chirurgicaux avant d’orienter le bilan d’infertilité.

Chez la femme, ce bilan consiste à vérifier l’absence de trouble de l’ovulation et de s’assurer du bon fonctionnement de l’utérus et des trompes. L’hystéroscopie (vision de la cavité utérine) permet de détecter une anomalie comme un polype, un fibrome ou une malformation par exemple. Un bilan sanguin sera également réalisé.

Chez l’homme, en plus d'un bilan sanguin, un spermogramme sera réalisé afin de vérifier que le sperme contient assez de spermatozoïdes, que leur mobilité est suffisante et que 4%, selon la classification de Kruger, ont une morphologie normale.

Des examens complémentaires seront nécessaires si les résultats mettent en évidence des anomalies.

Qui consulter en cas d’infertilité ?

Un accompagnement médical sur mesure

Le premier interlocuteur est en général votre médecin traitant. Il peut commencer le bilan de fertilité et vous orienter vers un médecin spécialiste selon les éléments que vous lui aurez fournis.
Si vous êtes une femme, vous pouvez commencer par consulter un gynécologue spécialiste de l’infertilité. Il peut effectuer des examens de routine et mettre en place un traitement si nécessaire.
Si vous êtes un homme, vous pouvez être amené à consulter un urologue spécialiste de l’infertilité ou un andrologue (spécialiste de l’appareil génital masculin) si le spermogramme n’est pas bon. Ils chercheront notamment des causes mécaniques de l’infertilité.
Une consultation auprès du généticien et des explorations génétiques peuvent être indiquées dans le parcours de prise en charge notamment pour les couples qui envisagent une assistance médicale à la procréation.
Le cycle ovulatoire et la spermatogénèse sont régulés par la production et la synthèse d’hormones spécifiques. Un bilan hormonal auprès d’un endocrinologue spécialiste de l’infertilité peut apporter un éclairage sur le diagnostic.
Chacun de ces spécialistes a une expertise unique et peut vous aider à différentes étapes de votre parcours de fertilité. Si vous avez besoin de traitements plus avancés, ils pourront vous orienter vers des médecins spécialisés dans la procréation médicalement assistée (PMA).

La stimulation ovarienne peut être recommandée par le spécialiste

Le gynécologue spécialisé en fertilité décidera, avec le couple, de la nécessité de suivre un traitement pour pallier les troubles de l’ovulation par une stimulation ovarienne. Cette stimulation ovarienne peut être proposée comme un traitement à part entière ou bien dans le cadre d’un parcours de procréation médicalement assistée (PMA). Le traitement, à base d’hormones, est administré par voie orale ou par injection. Durant ce processus, une étroite surveillance est assurée afin de vérifier l’efficacité du traitement et de l’ajuster pour limiter le risque de grossesses multiples.
En pratique, le traitement dure environ 3 mois sans excéder 12 mois avec un taux de réussite de 10% à 15% par cycle lorsque la femme à moins de 38 ans.

En revanche, si le traitement n’a pas l’effet escompté, il est possible de commencer une stimulation ovarienne dans le cadre d’un protocole de fécondation in vitro (FIV), ou d'essayer une insémination artificielle en fonction des causes d'infertilité.

D’autres spécialistes pour vous accompagner

Le bilan d’infertilité et les éventuels traitements mis en place sont souvent longs et sources d’anxiété voire de dépression pour le couple. Pour y faire face, on peut avoir besoin de l’accompagnement d’un psychologue ou d’un psychiatre, seul ou en couple.
Par ailleurs, une étude de 2017 émanant de la faculté de médecine Aix-Marseille sur « L’intérêt de l’acupuncture dans les troubles de la fertilité féminine » a mis en évidence les bienfaits réels de l’acupuncture dans le cadre d’une fécondation in vitro (FIV) notamment.

Le parcours de soins peut être long et difficile. Le couple doit faire face à des examens médicaux parfois lourds et à des choix thérapeutiques difficiles à faire. Il peut être utile, dans ce cadre, de demander un deuxième avis à un spécialiste pour répondre à votre questionnement et ainsi, prendre une décision éclairée.

Sources :

• Organisation mondiale de la santé : https://www.who.int/fr
• Association française d’Urologie, Chapitre 02 — Stérilité du couple : conduite de la première consultation : https://www.urofrance.org/congres-et-formations/formation-initiale/referentiel-du-college/sterilite-du-couple.html
• National Library of Medicine : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7721003/
• Cairn.info : https://www.cairn.info/revue-population-et-societes-2001-8-page-1.htm
• HAL - Sciences ouvertes : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01905853