Les traitements de l'endométriose : focus sur la pilule

Souffrir d'endométriose représente souvent un défi pour le quotidien tant cette maladie peut avoir un impact négatif sur la vie des femmes concernées. Les connaissances sur cette maladie sont encore limitées mais il existe tout de même des solutions pour essayer de diminuer les symptômes et aider les femmes à améliorer leur quotidien. La pilule joue un rôle majeur puisqu'il s'agit du traitement de première intention de l'endométriose. 

Qu'est ce que l'endométriose ? 

L'endomètre est le tissu qui recouvre la cavité utérine des femmes qui a pour rôle d'accueillir et de protéger un potentiel embryon. Ainsi, sa croissance, puis sa dégénérescence au cours du cycle menstruel sont régulés par les hormones ovariennes. En l'absence de fécondation, il est évacué par voie vaginale, chaque mois, au moment des menstruations. 

L'endométriose est une maladie gynécologique chronique définie par la présence anormale de cellules similaires à cet endomètre, en dehors de l'utérus. Ces cellules réagissent également aux variations hormonales et vont donc proliférer à chaque cycle. Cependant, sans dégradation elles vont s'accumuler et entraîner des lésions, nodules et/ou kystes sur les organes sur lesquels elles sont situées. Trois types d'endométriose ont été définies, en fonction de la profondeur des lésions et de la présence ou non de kystes sur les ovaires : endométriose superficielle, profonde ou ovarienne. 

La présence de ces lésions sur les organes peut entraver leur fonctionnement et ainsi entraîner des nombreux symptômes chez les femmes atteintes d'endométriose. 50 à 90% des patientes souffrent de douleurs, qui représentent le symptôme le plus fréquent de l'endométriose. Elles peuvent être cycliques, au moment des règles, ou chroniques et affecter différentes régions du corps : le bas du ventre, les jambes, la zone digestive ou urinaire, apparaître pendant ou après les rapports sexuels. Certaines patientes présentent également des troubles de la fertilité. 

La pilule : le traitement de référence de l'endométriose 

La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande,  en première intention pour des femmes présentant une endométriose douloureuse et sans désir de grossesse, les traitements hormonaux et notamment la pilule oestroprogestative prise en continu.

Le mode de fonctionnement 

Les pilules œstroprogestatives ou pilules combinées contiennent un œstrogène (éthinylestradiol ou estradiol) et un progestatif. Ces hormones vont permettre de bloquer la production de FSH et de LH par le cerveau ce qui va empêcher l’ovulation. La prise en continu de la pilule bloque également l’arrivée des règles et permet de diminuer la progression de la maladie et les symptômes associés. Cette solution n'est pas recommandée si la patiente souhaite tomber enceinte car il ne faut pas oublier que la pilule est avant tout une contraception efficace. En effet, elle permet d'épaissir les sécrétions du col de l'utérus afin de diminuer la mobilité des spermatozoïdes mais également de créer un environnement, au niveau de l'utérus, défavorable à l'implantation d'un embryon.
Les pilules estroprogestatives se présentent sous forme de comprimés répartis en plaquettes de 21 (pour une pilule prise en continu). L'administration est de 1 comprimé par jour pendant 21 jours successifs, à renouveler tous les 21 jours.

Certaines contre-indications existent : les femmes de plus de 35 ans, la consommation de plus de 10 cigarettes par jour, des antécédents personnels ou familiaux de phlébite, de migraines, d'hypertension artérielle, d'excès de cholestérol ou de diabète.
Si la patiente présente une contre-indication, le médecin pourra l'orienter vers la pose d'un stérilet intra-utérin contenant uniquement un progestatif : le lévonorgestrel. 

D'autres traitements hormonaux peuvent être recommandés en deuxième intention dans la prise en charge de l’endométriose douloureuse dont la pilule microprogestative orale au désogestrel, ou une cure de ménopause artificielle, ou l'implant (progestatif).

Les effets secondaires possibles

Il est important de rappeler que même si la pilule est une méthode efficace et répandue, elle reste un médicament engendrant parfois des effets indésirables. Ils peuvent se manifester de façon identique chez  les femmes souffrant d’endométriose que dans la population générale

Parmi les plus fréquents on note des maux de tête, des migraines et des petits saignements appelés spotting. D'autres effets secondaires, non graves, peuvent également survenir tels qu'une modification de l'humeur, des troubles vaginaux, une modification de la libido, une prise ou une perte de poids, des troubles digestifs, des ballonnements, un écoulement au niveau des seins. Même si ces symptômes ne sont pas dangereux pour la santé ils peuvent tout de même impacter la vie des patientes et leur survenue doit être notifiée à l'équipe médicale et à l'ANSM.

La prise de la pilule peut également conduire, de façon rare, à des effets secondaires bien plus graves, qui nécessitent une prise en charge immédiate. Le risque principal est la formation d’un caillot dans un vaisseau sanguin (thrombose). En fonction du lieu où est situé le caillot la patiente peut être victime :

• d'une phlébite, qui se manifeste par le gonflement de l'une des jambes et/ou une douleur intense dans un des mollets
• d'une embolie pulmonaire, qui conduit à un essoufflement brutal et inhabituel pour la tâche effectuée, des crachats sanglants et/ou une accélération du rythme cardiaque inexpliquée
• d'un infarctus du myocarde, évoqué par une douleur intense dans la poitrine, pouvant irradier vers la mâchoire, les épaules et les bras et ne cédant pas au bout d'une minute
• d'un accident vasculaire cérébral, responsable d'une déformation ou d'un engourdissement brutal de la bouche, de difficultés à parler, d'anomalies de la vision et/ou d'un engourdissement soudain d’un côté du corps

Si l'un de ces symptômes se manifeste, il faut contacter immédiatement le 15 pour une prise en charge en urgence. 

La pilule oestroprogestative représente le traitement de référence de l'endométriose douloureuse. Son utilisation a pour objectif de stopper le cycle menstruel et donc d'éviter la progression et le saignement des lésions d'endométriose permettant ainsi de réduire l'évolution de la maladie et les symptômes associés. Cette solution n'est pas adaptée pour les femmes désirant tomber enceinte et elle présente des contre-indications et des effets secondaires possibles dont il faut avoir connaissance. Il est important d'être accompagné d'une équipe médicale spécialisée et à l'écoute avant de choisir le plan de traitement adapté. 

Sources : 

• HAS - Prise en charge de l'endométriose https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2018-01/prise_en_charge_de_lendiometriose_-_messages_cles_destines_au_medecin_generaliste.pdf
• ANSM - Vous et vos contraceptifs oestroprogestatifs https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2014-02/24618_ansm_contraceptifs_18_12_2013_version_college.pdf
• INSERM - Contraception https://www.inserm.fr/dossier/contraception/
• VIDAL - La contraception orale ou "pilule" https://www.vidal.fr/maladies/sexualite-contraception/contraception-feminine/contraception-comprimes-pilule.html